Lecture en continu (SEGOND)

1,23 Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin: ce fut le cinquième jour.

18749 Les légendes des Juifs - Louis Ginzberg sur verset 2023-10-31: LE CINQUIÈME JOUR
Le cinquième jour de la création, Dieu prit le feu (118) et l'eau, et de ces deux éléments il fit les poissons de la mer (114) Les animaux de l'eau sont beaucoup plus nombreux que ceux de la terre. À chaque espèce terrestre, à l'exception de la belette, correspond une espèce aquatique, et il y en a même beaucoup qui ne se trouvent que dans l'eau (115).
Le maître des animaux marins est le léviathan (116). Comme tous les autres poissons, il fut créé le cinquième jour (117). A l'origine, il fut créé mâle et femelle comme tous les autres animaux. Mais lorsqu'il apparut qu'un couple de ces monstres pourrait anéantir la terre entière par leur force unie, Dieu tua la femelle (119). Le léviathan est si énorme que pour étancher sa soif il lui faut toute l'eau qui coule du Jourdain dans la mer (119). Sa nourriture consiste en poissons qui passent d'eux-mêmes entre ses mâchoires (120). Lorsqu'il a faim, une haleine brûlante sort de ses narines et fait bouillonner les eaux de la grande mer (121). Aussi redoutable que soit le béhémot, l'autre monstre, il ne se sent pas en sécurité tant qu'il n'est pas certain que le léviathan a satisfait sa soif (121). La seule chose qui puisse le retenir est l'épinoche, un petit poisson qui a été créé à cet effet et qu'il admire beaucoup (122). Mais le léviathan n'est pas seulement grand et fort, il est aussi merveilleusement fait. Ses nageoires rayonnent d'une lumière éclatante, qui obscurcit le soleil lui-même (123), et ses yeux répandent une telle splendeur que souvent la mer en est soudain illuminée (121). Il n'est pas étonnant que cette bête merveilleuse soit le jouet de Dieu, en qui il prend son plaisir (124).
Il n'y a qu'une chose qui rende le léviathan repoussant, c'est son odeur fétide: elle est si forte que si elle y pénétrait, elle rendrait le Paradis lui-même impossible à habiter (125).
Le véritable but du léviathan est d'être servi comme une friandise aux pieux dans le monde à venir. La femelle est mise en saumure dès qu'elle est tuée, afin d'être conservée pour le moment où l'on aura besoin de sa chair (126) ; le mâle est destiné à offrir un spectacle délectable à tous les spectateurs avant d'être consumé. Lorsque sa dernière heure arrivera, Dieu convoquera les anges pour qu'ils entrent en lutte avec le monstre. Mais à peine le léviathan aura-t-il jeté son regard sur eux qu'ils s'enfuiront, effrayés et consternés, du champ de bataille. Ils reviendront à la charge avec des épées, mais en vain, car ses écailles peuvent retourner l'acier comme de la paille. Ils ne réussiront pas non plus à le tuer en lançant des fléchettes et des pierres ; ces projectiles rebondiront sans laisser la moindre empreinte sur son corps. Découragés, les anges abandonnent le combat, et Dieu ordonne au léviathan et au béhémot de s'affronter en duel. Le résultat sera que tous deux tomberont morts, béhémot abattu par un coup de nageoire du léviathan, et léviathan tué par un coup de fouet de la queue du béhémot. Avec la peau du léviathan, Dieu construira des tentes pour abriter les compagnies de pieux pendant qu'ils dégusteront les plats faits de sa chair. La quantité attribuée à chacun des pieux sera proportionnelle à ses mérites, et personne n'enviera ni ne méprisera l'autre pour la part qui lui revient. Ce qui restera de la peau du léviathan sera étendu sur Jérusalem comme un dais, et la lumière qui en jaillira illuminera le monde entier, et ce qui restera de sa chair, après que les pieux auront apaisé leur appétit, sera distribué au reste des hommes, pour qu'ils en fassent le trafic. (127).
Le même jour que les poissons, les oiseaux furent créés, car ces deux espèces d'animaux sont étroitement liées l'une à l'autre. Les poissons sont formés d'eau, et les oiseaux d'un sol marécageux saturé d'eau (128).
Comme le léviathan est le roi des poissons, le ziz est désigné pour régner sur les oiseaux (129). Son nom vient de la variété des goûts de sa chair ; elle a le goût de ceci, zeh, et de cela, zeh (130). Le ziz est d'une taille aussi monstrueuse que le léviathan lui-même. Ses chevilles reposent sur la terre, et sa tête atteint le ciel (121).
Il arriva un jour que des voyageurs sur un bateau remarquèrent un oiseau. Alors qu'il se tenait dans l'eau, celle-ci ne faisait que recouvrir ses pieds, et sa tête se heurtait au ciel. Les spectateurs pensèrent que l'eau ne pouvait avoir aucune profondeur à cet endroit et ils se préparèrent à s'y baigner. Une voix céleste les avertit: «Ne vous posez pas ici ! Une fois, la hache d'un charpentier a glissé de sa main à cet endroit, et il lui a fallu sept ans pour toucher le fond». L'oiseau que les voyageurs virent n'était autre que le ziz (132). Ses ailes sont si grandes que, déployées, elles obscurcissent le soleil (133). Elles protègent la terre contre les tempêtes du sud ; sans leur aide, la terre ne pourrait résister aux vents qui soufflent de là (134). Un jour, un œuf du ziz tomba sur le sol et se brisa. Le liquide qui s'en échappa inonda soixante villes, et le choc écrasa trois cents cèdres. Heureusement, de tels accidents ne sont pas fréquents. En règle générale, l'oiseau laisse ses œufs glisser doucement dans son nid. Cet accident est dû au fait que l'œuf était pourri et que l'oiseau l'a jeté négligemment. Le ziz a un autre nom, Renanin (135), parce qu'il est le chanteur céleste (136) ; en raison de sa relation avec les régions célestes, il est aussi appelé Sekwi, le voyant, et, en outre, il est appelé «fils du nid» (137), parce que ses oisillons se détachent de la coquille sans être couvés par la mère ; ils jaillissent directement du nid, pour ainsi dire (138).Comme le léviathan, le ziz est un mets qui sera servi aux pieux à la fin des temps, pour les dédommager des privations que leur a imposées l'abstention des volailles impures (139).