Lecture en continu (Traduction Liturgique)

7,24 Et les eaux montèrent au-dessus de la terre pendant cent cinquante jours.

18787 Les légendes des Juifs - Louis Ginzberg sur verset 2023-10-31: LE DELUGE
Le rassemblement des animaux dans l'arche n'est que la plus petite partie de la tâche imposée à Noé. Sa principale difficulté consistait à leur fournir de la nourriture pour un an et à les loger. Longtemps après, Shem, le fils de Noé, raconta à Eliezer, le serviteur d'Abraham, le récit de leurs expériences avec les animaux dans l'arche. Voici ce qu'il dit «Nous avons eu de grandes difficultés dans l'arche. Il fallait nourrir les animaux de jour et les animaux de nuit. Mon père ne savait pas quelle nourriture donner au petit zikta. Une fois, il coupa une grenade en deux, et un ver tomba du fruit, qui fut dévoré par le zikta. Désormais, mon père pétrissait du son et le laissait reposer jusqu'à ce qu'il produise des vers, qui étaient donnés à l'animal. Le lion souffrait tout le temps de la fièvre, et c'est pourquoi il n'ennuyait pas les autres, car il n'aimait pas la nourriture sèche. Mon père trouva l'animal urshana endormi dans un coin du vaisseau et lui demanda s'il n'avait rien à manger. Il répondit: «J'ai vu que tu étais très occupé et je ne voulais pas ajouter à tes soucis». Mon père dit alors: 'Que le Seigneur veuille te garder en vie pour toujours', et la bénédiction se réalisa» (37).
Les difficultés augmentèrent lorsque le déluge commença à ballotter l'arche d'un côté à l'autre. Tous ceux qui se trouvaient à l'intérieur furent secoués comme des lentilles dans une marmite. Les lions se mirent à rugir, les bœufs à mugir, les loups à hurler, et tous les animaux exprimèrent leur agonie, chacun par les sons qu'il avait le pouvoir d'émettre.
Noé et ses fils, pensant que la mort était proche, fondirent en larmes. Noé pria Dieu: «Seigneur, aide-nous, car nous ne pouvons pas supporter le malheur qui nous accable. Les flots déferlent autour de nous, les torrents de destruction nous effraient, et la mort nous regarde en face. Écoute notre prière, délivre-nous, incline-toi vers nous et fais-nous grâce ! Sauve-nous» (38).
Le déluge a été produit par l'union des eaux mâles, qui sont au-dessus du firmament, et des eaux femelles qui sortent de la terre (39) Les eaux supérieures se sont engouffrées dans l'espace laissé par Dieu lorsqu'il a enlevé deux étoiles de la constellation des Pléiades. Par la suite, pour arrêter le déluge, Dieu a dû transférer deux étoiles de la constellation de l'Ours à la constellation des Pléiades. C'est pourquoi l'Ourse court après les Pléiades. Elle veut retrouver ses deux enfants, mais ils ne lui seront rendus que dans le monde futur (40).
Il y eut d'autres changements dans les sphères célestes pendant l'année du déluge. Pendant toute la durée du déluge, le soleil et la lune ne donnèrent pas de lumière, d'où le nom de Noé, «celui qui se repose», car pendant sa vie, le soleil et la lune se sont reposés. L'arche était éclairée par une pierre précieuse, dont la lumière était plus brillante la nuit que le jour, ce qui permettait à Noé de distinguer le jour de la nuit (41).
La durée du déluge fut d'une année entière. Il commença le dix-septième jour de Heshwan, et la pluie continua pendant quarante jours, jusqu'au vingt-septième jour de Kislew. Le châtiment correspondait au crime de la génération pécheresse. Ils avaient mené une vie immorale et engendré des enfants bâtards, dont l'état embryonnaire dure quarante jours. Du vingt-sept de Kislew au premier de Siwan, soit une période de cent cinquante jours, l'eau s'est maintenue à une seule et même hauteur, soit quinze aunes au-dessus de la terre. Pendant ce temps, tous les méchants furent détruits, chacun recevant le châtiment qui lui était dû (42). Caïn fut du nombre de ceux qui périrent, et c'est ainsi que la mort d'Abel fut vengée (43). Les eaux étaient si puissantes à faire des ravages que le cadavre d'Adam ne fut pas épargné dans sa tombe (44).
Le premier jour de Siwan, les eaux commencèrent à diminuer, à raison d'un quart de mesure par jour, et au bout de soixante jours, le dixième jour d'Ab, les sommets des montagnes apparurent. Or, plusieurs jours auparavant, le dixième jour de Tammuz, Noé avait envoyé le corbeau et, une semaine plus tard, la colombe, pour la première de ses trois salves, répétées à intervalles d'une semaine. Il fallut attendre le premier de l'an Ab jusqu'au premier de l'an Tishri pour que les eaux disparaissent complètement de la surface de la terre. Même à ce moment-là, le sol était si humide que les habitants de l'arche durent rester à l'intérieur jusqu'au vingt-septième jour de Heshwan, complétant ainsi une année solaire complète, composée de douze lunes et de onze jours (45).
Depuis le début, Noé avait du mal à connaître l'état des eaux. Lorsqu'il voulut se débarrasser du corbeau, l'oiseau lui dit: «Le Seigneur, ton maître, me déteste, et toi aussi tu me détestes. Ton maître me hait, car il t'a ordonné de faire entrer dans l'arche sept paires d'animaux purs et deux paires d'animaux impurs, auxquels j'appartiens. Tu me détestes parce que tu ne choisis pas, comme messager, un oiseau de l'une des espèces dont il y a sept couples dans l'arche, mais tu m'envoies, et il n'y a qu'un seul couple de mon espèce. Si donc je périssais par le froid ou par la chaleur, le monde ne s'appauvrirait-il pas d'une espèce entière d'animaux ? Ou bien est-ce que tu as jeté un regard de convoitise sur ma compagne, et que tu veux te débarrasser de moi ? Noé répondit, et dit: «Malheureux ! Dans l'arche, je dois vivre séparé de ma femme. Combien moins me viendraient à l'esprit les pensées que tu m'imputes !» (46).
La mission du corbeau ne fut pas couronnée de succès, car lorsqu'il vit le corps d'un homme mort, il se mit à le dévorer et n'exécuta pas les ordres qui lui avaient été donnés par Noé. On envoya alors la colombe. Vers le soir, elle revint avec une feuille d'olivier dans son bec, cueillie sur le mont des Oliviers à Jérusalem, car la Terre sainte n'avait pas été ravagée par le déluge. En la cueillant, elle dit à Dieu: «Seigneur du monde, que ma nourriture soit amère comme l'olive, mais que tu me la donnes de ta main, plutôt qu'elle soit douce et que je sois livrée au pouvoir des hommes» (47).