Livre de l'Exode
5,4 Le roi d'Égypte leur dit : Moïse, Aaron, pourquoi détournez-vous le peuple de ses travaux ? Allez, que chacun de vous retourne à ses travaux. ( ) 5,5 Le Pharaon dit encore : Ce peuple se multiplie maintenant de plus en plus ., gardons-nous de leur donner aucun relâche en leurs travaux. ( ) 5,6 Et il fit un ordre aux intendants et aux secrétaires des travaux, disant : ( ) 5,7 Ne donnez plus de paille au peuple pour faire de la brique comme hier et le jour précédent ., qu'ils s'en aillent et qu'ils recueillent de la paille pour eux. ( ) 5,8 Imposez-leur néanmoins par jour la même quantité de briques qu'ils ont toujours faite, n'en ôtez rien ., car ils ont du temps à perdre, c'est pour cela qu'ils ont crié : Levons-nous, et sacrifions à notre Dieu. ( )

5,9 Aggravons les travaux de ces hommes ., et que leurs préoccupations soient là, au lieu d'être à de vains discours.


18933 Les légendes des Juifs - Louis Ginzberg sur verset 2023-10-31: LA SOUFFRANCE AUGMENTE
Non content de refuser de renvoyer les enfants d'Israël, il ordonna, le jour même de l'audience de Moïse et d'Aaron, que le peuple soit tenu de livrer la quantité de briques prescrite, bien que les maîtres d'œuvre n'eussent pas, comme auparavant, à leur donner de la paille pour fabriquer des briques. Un autre décret stipulait que les enfants d'Israël n'auraient pas le droit de se reposer le jour du sabbat, car Pharaon savait qu'ils en profitaient pour lire les rouleaux décrivant leur rédemption. Tout cela faisait partie du plan de Dieu, l'oppression d'Israël devant s'accroître à mesure que la fin approchait. Alors qu'ils parcouraient le pays d'Égypte pour ramasser la paille nécessaire à la fabrication des briques, les Égyptiens les maltraitaient s'ils les surprenaient dans leurs champs. Ces actes de méchanceté perpétrés par l'ensemble du peuple ne lui permettaient pas de rejeter sur Pharaon l'entière responsabilité de la servitude d'Israël. Tous les Égyptiens ont fait preuve de cruauté à l'égard des Israélites lors de leurs expéditions de recherche de paille, et le châtiment divin s'est donc abattu sur tous de la même manière.
Cette période d'effroi et d'extrême souffrance pour Israël dura six mois. Pendant ce temps, Moïse se rendit à Madian, laissant Aaron seul en Égypte. Lorsque Moïse revint à la fin du règne de la terreur, deux officiers israélites les abordèrent, Aaron et lui, et les accablèrent d'injures pour avoir aggravé les malheurs de leur peuple au lieu de les atténuer. Ils prirent la parole et dirent: «Si vous êtes vraiment les ambassadeurs de Dieu, qu'il juge entre nous et Pharaon. Mais si vous cherchez à racheter Israël pour votre propre compte, que Dieu juge entre vous et Israël. C'est vous qui êtes responsables de l'odeur nauséabonde qui se dégage des cadavres d'Israélites utilisés comme briques pour la construction lorsque notre mesure prescrite est incomplète. Les Égyptiens se doutaient vaguement que nous attendions notre délivrance. C'est votre faute s'ils en sont pleinement conscients aujourd'hui. Nous sommes dans l'embarras de la pauvre brebis qui a été entraînée par un loup. Le berger poursuit le brigand, le rattrape, essaie de lui arracher la brebis des mâchoires, et la malheureuse victime, tirée de côté par le loup et de l'autre par le berger, est déchirée en morceaux. C'est ainsi qu'Israël se trouve entre toi et Pharaon.
Les deux officiers qui prononcèrent ces paroles cinglantes étaient Dathan et Abiram, et ce ne fut ni la première ni la dernière fois qu'ils infligèrent une blessure à Moïse. Les autres officiers israélites étaient doux et bienveillants ; ils se laissaient battre par les maîtres d'œuvre plutôt que de harasser les ouvriers de leur propre peuple placés sous leur surveillance.
Les cruelles souffrances auxquelles son peuple était exposé poussèrent Moïse à s'adresser à Dieu en ces termes: «J'ai lu le livre de la Genèse jusqu'au bout, et j'y ai trouvé le sort réservé à la génération du déluge. C'était un jugement juste. J'ai trouvé aussi les châtiments prononcés contre la génération de la confusion des langues et contre les habitants de Sodome. Eux aussi étaient justes. Mais que t'a fait cette nation d'Israël pour qu'elle soit opprimée plus que toute autre nation dans l'histoire ? Est-ce parce qu'Abraham a dit: «A quoi reconnaîtrai-je que j'hériterai du pays ?» et que Tu l'as réprimandé pour son peu de foi, en disant: «Sache bien que ta postérité sera étrangère dans un pays qui n'est pas le sien» ? Pourquoi donc les descendants d'Ésaü et d'Ismaël ne sont-ils pas eux aussi tenus en esclavage ? Ne sont-ils pas, eux aussi, de la race d'Abraham ? Si tu dis: «Qu'est-ce que cela peut me faire ?», je te demande: «Pourquoi m'as-tu envoyé ici comme ton messager ? Ton nom, grand, élevé et terrible, est redouté sur toute la terre ; Pharaon m'a entendu le prononcer, et il refuse d'obéir. Je sais que Tu rachèteras Israël en Ton temps, et il T'importe peu que l'on immole maintenant des Israélites vivants dans ces bâtiments».
S'il avait été un Dieu de justice, le Seigneur aurait tué Moïse pour l'audace de ses dernières paroles, mais comme il n'avait parlé comme il l'avait fait que par compassion pour Israël, le Seigneur le traita avec bonté. Il répondit à Moïse: «Tu verras ce que je ferai à Pharaon», signifiant ainsi à Moïse qu'il serait témoin du châtiment de Pharaon, mais qu'il n'assisterait pas à celui des trente et un rois de Canaan. Il était ainsi réprimandé pour le langage inconvenant qu'il avait utilisé en s'adressant à Dieu (164) En même temps, les paroles de Dieu étaient une réplique à un autre discours de Moïse. Il avait dit: «Seigneur du monde, je sais bien que tu feras sortir tes enfants d'Égypte. Oh ! si tu te servais d'un autre instrument, car je ne suis pas digne d'être le rédempteur de tes enfants.» Dieu lui répondit: «Oui, Moïse, tu en es digne. C'est par toi que mes enfants sortiront d'Égypte. Tu verras ce que je ferai à Pharaon.» (165)
En même temps, Dieu lui a demandé des comptes sur son manque de foi. Il lui dit: «O pour les défunts, on ne trouve plus de semblables ! Je suis apparu à Abraham, Isaac et Jacob sous le nom d'El Shaddaï, Dieu tout-puissant, mais ils ne m'ont pas connu sous le nom d'Adonaï, Dieu tout miséricordieux, comme je te suis apparu. Cependant, ils n'ont pas jeté l'opprobre sur Mes actes. J'ai dit à Abraham: «Je te donnerai le pays», mais lorsqu'il fut sur le point d'enterrer Sarah, il dut dépenser de l'argent et acheter un lieu de repos pour son corps ; mais il ne m'a pas fait de reproches. J'ai dit à Isaac: «Je donnerai toutes ces terres à toi et à ta postérité» ; mais lorsqu'il voulut boire de l'eau, il dut se battre avec les bergers de Guérar ; et il ne m'en voulut pas. J'ai dit à Jacob: «Le pays sur lequel tu es couché, je te le donnerai, ainsi qu'à ta postérité» ; mais lorsqu'il voulut dresser sa tente, il dut acquérir un terrain pour cent pièces d'argent ; et il ne m'a pas fait de reproche. Aucun d'eux n'a demandé à connaître mon nom. Mais toi, tu as demandé à le connaître dès le début, lorsque j'ai voulu te faire descendre en Égypte, et après que je te l'ai révélé, tu as parlé en disant: «Tu m'as dit que tu t'appelais Compatissant et Miséricordieux, Longanime et Clément, mais dès que j'ai prononcé ce nom devant Pharaon, le malheur s'est abattu sur le peuple d'Israël». Maintenant, je veux accomplir mon alliance avec les trois patriarches et donner à leur postérité la terre promise, en récompense de la foi inébranlable des pères, et aussi en récompense du peuple qui, malgré ses souffrances, n'a pas trouvé à redire à mes actes. C'est pourquoi je leur donnerai la terre qu'ils ne méritent pas de posséder pour d'autres raisons. Je jure d'agir ainsi». Dieu prononça ce serment pour chasser de l'esprit de Moïse toute crainte de n'agir que selon son attribut de justice, et de retarder ainsi pour un temps la rédemption d'Israël, à cause des péchés du peuple (166).
La rédemption d'Israël était désormais un fait acquis. Mais avant que Moïse et Aaron n'entreprennent de délivrer leur peuple, Dieu attira leur attention sur plusieurs points qu'il leur demanda de prendre en considération dans leur entreprise. Il leur parla ainsi «Mes enfants sont pervers, passionnés et difficiles. Il faut que vous soyez prêts à supporter leurs mauvais traitements, jusqu'à recevoir d'eux des pierres. Je vous envoie auprès de Pharaon, et bien que je le punisse selon ses mérites, vous ne devez pas manquer au respect qui lui est dû en tant que souverain. Et que ton premier pas vers la rédemption soit de faire renoncer le peuple au culte des idoles».
Cette dernière tâche était des plus difficiles, et les paroles de Dieu à son sujet arrachèrent à Moïse cette exclaMton: «Voyez, les enfants d'Israël ne m'écoutent pas; comment donc Pharaon m'écouterait-il ? C'était la troisième fois que Moïse refusait d'accomplir la mission de Dieu. La patience divine s'épuisa et Moïse fut soumis au châtiment. Au début, Dieu ne s'était révélé qu'à Moïse, et l'intention première était qu'il soit le seul à accomplir tous les miracles, mais dorénavant la parole de Dieu s'adressa aussi à Aaron, et il lui fut donné de participer à l'accomplissement des prodiges (169).

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5,10 Les intendants et leurs préposés les pressèrent donc, et ils parlèrent au peuple, disant : Voici ce que dit le Pharaon : Je ne vous donnerai plus de paille. ( ) 5,11 Allez vous-mêmes recueillir pour vous de la paille où vous en pourrez trouver ., d'ailleurs votre tâche ne sera diminuée en rien. ( ) 5,12 Et le peuple se dispersa parmi toute l'Égypte pour ramasser du chaume et s'en servir au lieu de paille. ( ) 5,13 Cependant, les intendants les pressaient, disant : Achevez vos travaux jour par jour, comme lorsqu'on vous donnait de la paille. ( ) 5,14 Les secrétaires de la race d'Israël, institués au dessus du peuple, furent même fustigés par les intendants du Pharaon, qui disaient : Pourquoi n'avez-vous pas fait aujourd'hui la même quantité de briques qu'hier et auparavant ? ( )



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