Lecture en continu (SEGOND)

45,25 Ils remontèrent de l'Égypte, et ils arrivèrent dans le pays de Canaan, auprès de Jacob, leur père.

18876 Les légendes des Juifs - Louis Ginzberg sur verset 2023-10-31: JACOB REÇOIT LA BONNE NOUVELLE
Les fils de Jacob se mirent en route vers le pays de Canaan, mais lorsqu'ils atteignirent la frontière, ils se dirent l'un à l'autre: «Comment ferons-nous ? Si nous nous présentons devant notre père et lui disons que Joseph est vivant, il sera très effrayé et ne sera pas enclin à nous croire. D'ailleurs, la dernière injonction de Joseph à leur égard avait été de prendre garde et de ne pas effrayer leur père en lui annonçant la joie.
En approchant de leur demeure, ils aperçurent Sérah, fille d'Aser, jeune fille très belle et très sage, qui savait jouer de la harpe. Ils l'appelèrent auprès d'eux, lui donnèrent une harpe, et lui demandèrent de jouer devant Jacob et de chanter ce qu'ils lui diraient. Elle s'assit devant Jacob, et chanta, en s'accompagnant à la harpe, les paroles suivantes sur un air agréable: «Joseph, mon oncle, est vivant, il règne sur toute l'Égypte, il n'est pas mort ! Elle répéta ces paroles plusieurs fois, et Jacob s'enthousiasma de plus en plus. Sa joie réveilla en lui le Saint-Esprit, et il sut qu'elle disait vrai (293) L'esprit de prophétie ne visite jamais un voyant lorsqu'il est dans un état de lassitude ou dans un état de chagrin ; il ne vient qu'en même temps que la joie. Pendant toutes les années où Joseph avait été séparé de lui, Jacob n'avait pas eu de visions prophétiques, parce qu'il était toujours triste, et ce n'est que lorsque les paroles de Sérah réveillèrent le sentiment de bonheur dans son cœur que l'esprit prophétique reprit possession de lui (294). Jacob la récompensa en lui disant: «Ma fille, que la mort n'ait jamais de pouvoir sur toi, car tu as ranimé mon esprit.» Il en fut ainsi. Sérah ne mourut pas, elle entra vivante au Paradis. Sur son ordre, elle répéta encore et encore les paroles qu'elle avait chantées, et elles donnèrent à Jacob une grande joie et un grand plaisir, de sorte que l'esprit saint se renforça de plus en plus en lui.
Pendant qu'il s'entretenait ainsi avec Sérah, ses fils parurent dans toute leur magnificence, avec tous les présents que Joseph leur avait donnés ; et ils s'adressèrent à Jacob en disant: «Bonne nouvelle ! Joseph, notre frère, est vivant. Il domine sur tout le pays d'Égypte, et il t'envoie un message de joie.» Jacob ne voulut pas d'abord les croire ; mais lorsqu'ils ouvrirent leurs paquets et lui montrèrent les présents que Joseph avait envoyés à tous, il ne put plus douter de la vérité de leurs paroles (295).
Joseph avait pressenti que son père refuserait d'ajouter foi à ses frères, parce qu'ils avaient déjà essayé de le tromper, et que «le châtiment du menteur, c'est qu'on ne croie pas à ses paroles, même quand il dit la vérité». Il leur avait donc dit: «Si mon père ne veut pas croire à vos paroles, dites-lui que, lorsque j'ai pris congé de lui pour savoir si vous alliez bien, il m'a enseigné la loi de la génisse à qui l'on brise la nuque dans la vallée.» Lorsqu'ils eurent répété cela, les derniers doutes de Jacob disparurent, et il dit: «Grande est la fermeté de mon fils Joseph. Malgré toutes ses souffrances, il est resté fidèle à sa piété (296). Oui, grands sont les bienfaits que le Seigneur m'a accordés. Il m'a sauvé des mains d'Ésaü, des mains de Laban, et des Cananéens qui me poursuivaient. J'ai goûté beaucoup de joies, et j'espère en voir encore, mais jamais je n'ai espéré poser les yeux sur Joseph de nouveau, et maintenant je vais descendre vers lui et le contempler avant ma mort» (297).
Jacob et les membres de sa famille revêtirent les vêtements que Joseph avait envoyés, dont un turban pour Jacob, et ils firent tous les préparatifs pour descendre en Égypte et y demeurer avec Joseph et sa famille. A la nouvelle de sa bonne fortune, les rois et les grands de Canaan vinrent trouver Jacob pour lui témoigner leur sympathie dans sa joie, et il leur prépara un banquet de trois jours (298).
Jacob, cependant, ne voulut pas descendre en Égypte sans avoir d'abord demandé si c'était la volonté de Dieu qu'il quitte la terre sainte (299) ; il dit: «Comment pourrais-je quitter le pays de mes pères, le pays de ma naissance, le pays où la Shekinah habite, et aller dans un pays impur, habité par des esclaves des fils de Cham, un pays où il n'y a pas de crainte de Dieu ?»Puis il offrit des sacrifices en l'honneur de Dieu, dans l'espoir qu'une vision divine descendrait sur lui et lui indiquerait s'il devait descendre en Égypte ou faire monter Joseph en Canaan. Il craignait le séjour en Égypte, car il se rappelait la vision qu'il avait eue à Béthel en quittant la maison de son père (301), et il dit à Dieu: «Je ressemble à mon père. Il avait hâte de se remplir l'estomac, te moi de même, et c'est pourquoi je descendrai en Égypte à cause de la famine. De même que mon père préférait un fils à l'autre, de même j'avais un fils préféré, et c'est pourquoi je descendrais en Égypte pour voir Joseph. Mais en cela, je ne ressemble pas à mon père: il n'avait que lui-même à nourrir, et ma maison compte soixante-dix personnes ; c'est pourquoi je suis obligé de descendre en Égypte. La bénédiction que mon père m'avait donnée ne s'est pas accomplie en moi, mais en mon fils Joseph, que les peuples servent et devant lequel les nations se prosternent» (302).
La Shekinah s'adressa à Jacob, l'appelant deux fois par son nom en signe d'amour, (303) et lui disant de ne pas craindre l'esclavage égyptien annoncé pour les descendants d'Abraham, car Dieu aurait pitié des souffrances de ses enfants et les délivrerait de la servitude (304) Dieu dit aussi: « Je descendrai avec toi en Égypte «, et la Shekinah accompagna Jacob, portant à soixante-dix le nombre de la compagnie avec laquelle il entra en Égypte (305). (305) Comme Jacob craignait que ses descendants ne restent là pour toujours, Dieu lui donna l'assurance qu'il le ferait sortir avec tous les hommes pieux qui lui ressemblaient. (306) Dieu dit aussi à Jacob que Joseph était resté ferme dans sa piété même en Égypte, et qu'il pouvait écarter de son esprit tout doute à ce sujet, car c'était son inquiétude à ce sujet qui avait incité Jacob à envisager de descendre en Égypte ; il voulait seulement s'assurer de la fidélité de Joseph et ensuite retourner chez lui, mais Dieu lui ordonna d'y aller et d'y rester (307).
Avant de quitter Canaan, Jacob se rendit à Beer-Sheba, pour abattre les cèdres qu'Abraham y avait plantés, et les emporter avec lui en Égypte. Ces cèdres restèrent pendant des siècles en la possession de ses descendants ; ils les emportèrent à leur sortie d'Égypte, et ils s'en servirent pour la construction du tabernacle (308).
Bien que Joseph ait mis des chariots à la disposition de ses frères pour le transport de sa famille de Canaan en Égypte, ils portèrent Jacob sur leurs bras, se divisant à cet effet en trois parties, l'une après l'autre assumant le fardeau. En récompense de leur dévouement filial, Dieu racheta leurs descendants d'Egypte (309).
Juda fut envoyé en avant par son père pour ériger une maison à Goshen, ainsi qu'un Bet ha-Midrash, afin que Jacob puisse commencer à instruire ses fils dès son arrivée. Il chargea Juda de cette tâche honorable afin de le dédommager d'un tort qu'il lui avait fait. Pendant toutes les années de l'absence de Joseph, il avait soupçonné Juda de s'être enfui avec le fils de Rachel (310) ; il se rendait compte à quel point ce soupçon était injustifié, alors que Juda, en particulier, avait été assidu à assurer la sécurité de Benjamin, l'autre fils de Rachel. Jacob dit donc à Juda: «Tu as fait une action pieuse, interdite par Dieu, et tu t'es montré un homme capable de mener des négociations avec Joseph. Achève l'œuvre que tu as commencée. Va à Gosen, et prépare avec Joseph tout ce qu'il faut pour notre venue. En effet, reprit Jacob, c'est à cause de toi que nous sommes descendus en Égypte, car c'est sur ta proposition que Joseph a été vendu comme esclave, et c'est aussi par ta descendance qu'Israël sortira d'Égypte (311).
Lorsque Joseph fut informé de l'approche de son père, il en éprouva une grande joie, surtout parce que sa venue mettrait fin aux discussions des Égyptiens, qui ne cessaient de le désigner comme l'esclave qui les dominait. «Maintenant, pensa Joseph, ils verront mon père et mes frères, et ils seront convaincus que je suis un homme libre, de noble souche.
Dans sa joie de voir son père, Joseph prépara son char de ses propres mains, sans attendre que ses serviteurs s'en occupent, et cette action d'amour fut plus tard à l'avantage des Israélites, car elle rendit sans effet le zèle de Pharaon qui prépara lui-même son char de ses propres mains, pour poursuivre les Israélites (312).