Livre d'Esther
4,10 Elle ordonna à Hatak de lui répondre : ( ) 4,11 « Tous les serviteurs du roi et les habitants des provinces royales savent bien que, pour quiconque, homme ou femme, qui se rend auprès du roi dans la cour intérieure sans avoir été convoqué, il n’y a qu’une seule loi : la mort. Sauf celui auquel le roi tend son sceptre d’or : il a la vie sauve. Moi-même, cela fait trente jours que je n’ai pas été convoquée chez le roi. » ( ) 4,12 Les paroles d’Esther furent transmises à Mardochée ( ) 4,13 qui lui fit répondre à son tour : « Ne t’imagine pas que, parce que tu es dans la maison du roi, tu en réchapperas, seule parmi les Juifs. ( ) 4,14 Car si tu persistes à te taire aujourd’hui, c’est d’un autre lieu que viendront pour les Juifs soulagement et délivrance, et toi et la maison de ton père, vous périrez. Qui sait si ce n’est pas en vue d’une circonstance comme celle-ci que tu as accédé à la royauté ? » ( )

4,15 Esther fit répondre à Mardochée :


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4,16 « Va, rassemble tous les Juifs qui se trouvent à Suse. Jeûnez pour moi, ne mangez pas, ne buvez pas pendant trois jours, nuit et jour. Moi, je jeûnerai aussi avec mes servantes. C’est alors que j’irai chez le roi, en dépit de la loi, et s’il faut périr, je périrai. » ( ) 4,17 Mardochée se retira et fit tout ce qu’Esther lui avait ordonné. Alors, Mardochée pria le Seigneur en rappelant toutes ses œuvres : « Seigneur, Seigneur, Roi souverain de l’univers, tout est soumis à ton pouvoir, personne ne peut s’opposer à toi quand tu veux sauver Israël. C’est toi qui as fait le ciel et la terre et toutes les merveilles qui sont sous le ciel. Tu es le Seigneur de l’univers, et il n’est personne qui puisse te résister, Seigneur. Tu le sais, ô Seigneur, toi qui connais tout : ce n’est pas insolence, orgueil ou vanité, si j’ai refusé de me prosterner devant l’orgueilleux Amane. – Volontiers je lui baiserais les pieds pour le salut d’Israël. Mais j’ai refusé pour ne pas mettre la gloire d’un homme plus haut que la gloire de Dieu : je ne me prosternerai devant personne, sauf devant toi, mon Seigneur, et ce n’est pas là de l’orgueil. Et maintenant, écoute-moi, Seigneur Dieu, ô Roi, Dieu d’Abraham, épargne ton peuple ! Car ils ont projeté de nous perdre, ils veulent détruire ce peuple, ton héritage depuis toujours. Ne méprise pas ta part, elle est à toi : tu nous as rachetés en nous faisant sortir de la terre d’Égypte. Exauce ma prière, sois favorable à ceux qui sont ta part d’héritage ; change notre deuil en joie, afin que nous vivions pour chanter ton nom, Seigneur. Ne laisse pas disparaître ceux dont la bouche te célèbre. » Tous ceux d’Israël criaient de toutes leurs forces, car ils avaient la mort devant les yeux. La reine Esther, dans l’angoisse mortelle qui l’étreignait, cherchait refuge auprès du Seigneur. Elle enleva ses vêtements d’apparat et prit des vêtements de deuil et d’affliction. Au lieu de parfums précieux, elle se couvrit la tête de cendre et de poussière. Elle humilia durement son corps et le recouvrit de ses cheveux en désordre, lui qu’elle se faisait une joie de parer. Elle priait ainsi le Seigneur, Dieu d’Israël : « Mon Seigneur, notre Roi, tu es l’Unique ; viens me secourir, car je suis seule, je n’ai pas d’autre secours que toi, et je vais risquer ma vie. Depuis ma naissance, j’entends dire, dans la tribu de mes pères, que toi, Seigneur, tu as choisi Israël parmi toutes les nations, et que parmi tous leurs ancêtres tu as choisi nos pères, pour en faire à jamais ton héritage ; tu as fait pour eux tout ce que tu avais promis. Et maintenant, nous avons péché contre toi, tu nous as livrés aux mains de nos ennemis, parce que nous avons honoré leurs dieux : tu es juste, Seigneur. Et maintenant, notre dur esclavage ne leur suffit plus. Ils ont fait un pacte avec leurs idoles, pour abolir ce que ta bouche a promis, faire disparaître ton héritage, fermer la bouche de ceux qui te célèbrent, éteindre la gloire de ta maison et les feux de ton autel, pour que s’ouvre la bouche des nations, que soient célébrés les mérites des faux dieux et qu’à jamais soit magnifié un roi de chair. Ne livre pas ton sceptre, Seigneur, à ceux qui n’existent pas. Que nos ennemis ne se moquent pas de notre chute ; retourne contre eux leurs projets. Du premier de nos adversaires, fais un exemple. Souviens-toi, Seigneur ! Fais-toi connaître au jour de notre détresse ; donne-moi du courage, toi, le Roi des dieux, qui domines toute autorité. Mets sur mes lèvres un langage harmonieux quand je serai en présence de ce lion, et change son cœur : qu’il se mette à détester celui qui nous combat, qu’il le détruise avec tous ses partisans. Délivre-nous par ta main, viens me secourir car je suis seule, et je n’ai que toi, Seigneur. Tu connais tout et tu sais que je hais la gloire des impies, que je n’ai que dégoût pour la couche des incirconcis et celle de tout étranger. Tu sais la contrainte où je suis, que j’ai du dégoût pour l’orgueilleux emblème qui est sur ma tête aux jours où je parais en public. Il m’inspire du dégoût comme un linge souillé, et je ne le porte pas les jours où je me repose. Ta servante n’a pas mangé à la table d’Amane, ni honoré les banquets du roi, ni bu le vin des libations. Ta servante n’a pas connu la joie depuis le jour de son élévation, si ce n’est auprès de toi, Seigneur, Dieu d’Abraham. Ô Dieu, qui as pouvoir sur tous, écoute la voix des désespérés, délivre-nous de la main des méchants, et délivre-moi de ma peur ! » ( ) 5,1 Au troisième jour, lorsqu’elle eut cessé de prier, Esther quitta ses vêtements de suppliante et revêtit des habits d’apparat. Ainsi dans tout son éclat, ayant invoqué le Dieu qui protège et qui sauve, elle prit avec elle ses deux servantes : sur l’une d’elles, elle s’appuyait mollement ; l’autre l’accompagnait en portant sa traîne. Elle-même était rougissante, au comble de sa beauté ; son visage était radieux, comme épanoui par l’amour, mais son cœur était serré par la peur. Franchissant toutes les portes, elle se trouva devant le roi. Il était assis sur son trône royal, revêtu de l’habit avec lequel il paraissait en public, rutilant d’or et de pierres précieuses : il était redoutable. Il leva son visage rayonnant de gloire et, au comble de la colère, il la fixa. La reine s’effondra. Prise de faiblesse, elle changea de couleur et se pencha vers la tête de la servante qui la précédait. Dieu changea le cœur du roi et l’inclina à la douceur. Saisi d’angoisse, il s’élança de son trône et la prit dans ses bras jusqu’à ce qu’elle se remît. Il la réconfortait par des paroles apaisantes : « Qu’y a-t-il, Esther ? Je suis ton frère. Rassure-toi ! Tu ne mourras pas : notre décret ne vaut que pour le commun des gens. Viens avec moi ! » ( Ps 21,2 , ) 5,2 Levant son sceptre d’or, il le posa sur le cou d’Esther, puis il l’embrassa en disant : « Parle-moi ». « Seigneur, lui dit-elle, je t’ai vu pareil à un ange de Dieu. Mon cœur a été troublé, j’ai eu peur de ta gloire. Car tu es admirable, Seigneur, et ton visage est merveilleux. » Tandis qu’elle parlait, elle tomba de faiblesse. Le roi était bouleversé, et toute sa suite la réconfortait. ( ) 5,3 Le roi lui demanda : « Qu’y a-t-il, reine Esther ? Quelle est ta requête ? Quand ce serait la moitié du royaume, cela te serait accordé. » ( )



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