Livre d'Esther
1,6 Ce n'étaient que tentures de toile blanche et de pourpre violette attachées par des cordons de byssus et de pourpre rouge, eux-mêmes suspendus à des anneaux d'argent fixés sur des colonnes de marbre blanc, lits d'or et d'argent posés sur un dallage de pierres rares, de marbre blanc, de nacre et de mosaïques! ( ) 1,7 Pour boire, des coupes d'or, toutes différentes, et abondance de vin offert par le roi avec une libéralité royale. ( ) 1,8 Le décret royal toutefois ne contraignait pas à boire, le roi ayant prescrit à tous les officiers de sa maison que chacun fût traité comme il l'entendait. ( ) 1,9 La reine Vasthi, de son côté, avait offert aux femmes un festin dans le palais royal d'Assuérus. ( ) 1,10 Le septième jour, mis en gaîté par le vin, le roi ordonna à Mehumân, à Bizzeta, à Harbona, à Bigta, à Abgata, à Zétar et à Karkas, les sept eunuques attachés au service personnel du roi Assuérus, ( )

1,11 de lui amener la reine Vasthi coiffée du diadème royal, en vue de faire montre de sa beauté au peuple et aux grands officiers. Le fait est qu'elle était très belle.


19215 Les légendes des Juifs - Louis Ginzberg sur verset 2023-10-31: LE SORT DE VASHTI
Bien qu'Assuérus ait pris toutes les précautions nécessaires pour éviter les excès de vin, son banquet révèle la différence essentielle entre les festivités juives et païennes. Lorsque les Juifs sont réunis autour d'une table de fête, ils discutent d'une Halakah, d'une Haggadah ou, à tout le moins, d'un simple verset des Écritures. Assuérus et ses compagnons d'armes complètèrent le banquet par des discussions obscènes. Les Perses vantèrent les charmes des femmes de leur peuple, tandis que les Mèdes n'admettaient aucune supériorité sur les femmes mèdes. Alors «l'idiot» Assuérus se leva et prit la parole: «Ma femme n'est ni perse ni mède, mais chaldéenne, et pourtant elle surpasse tout le monde en beauté. Voulez-vous vous convaincre de la vérité de mes paroles ?» «Oui, s'écrièrent les membres de l'assistance, qui étaient plongés dans leurs coupes, mais pour que nous puissions juger de ses charmes naturels, qu'elle se présente devant nous sans parure, oui, sans aucun vêtement», et Assuérus accepta cette condition honteuse. (31)
C'était de la part de Dieu qu'une demande aussi insensée avait été faite à Vasthi par le roi. Mardochée avait passé toute une semaine à jeûner et à prier, suppliant Dieu de punir Assuérus pour avoir profané les ustensiles du Temple. Le septième jour de la semaine, le jour du sabbat, lorsque Mardochée, après son long jeûne, prit de la nourriture, car le jeûne est interdit le jour du sabbat, Dieu entendit sa prière et celle du Sanhédrin. (32) Il fit descendre sept anges de la confusion pour mettre fin au plaisir d'Assuérus. Ils s'appelaient: Mehuman, la confusion ; Biztha, la destruction de la maison ; Harbonah, l'anéantissement ; Bigtha et Abagtha, les presseurs du pressoir, car Dieu avait résolu d'écraser la cour d'Assuérus comme on presse le jus des raisins dans un pressoir ; Zetha, l'observateur de l'immoralité ; et Carcas, le cogneur. (33)
Cette interruption de la fête avait lieu le jour du sabbat pour une raison particulière. Vasthi avait l'habitude de forcer les jeunes filles juives à filer et à tisser le jour du sabbat, et pour ajouter à sa cruauté, elle les privait de tous leurs vêtements. C'est donc le jour du sabbat que son châtiment l'atteignit, et c'est pour cette même raison que le roi eut l'idée de la faire paraître en public dépouillée de tous ses vêtements. (34)
Vasthi recula devant l'ordre révoltant du roi. Mais il ne faut pas croire qu'elle a hésité à l'exécuter parce qu'il heurtait son sens moral. Elle ne valait pas mieux que son mari. Elle se réjouissait de l'occasion qu'il lui donnait de s'adonner à nouveau aux plaisirs charnels, car cela faisait exactement une semaine qu'elle avait accouché d'un enfant. Mais Dieu lui envoya l'ange Gabriel pour défigurer son visage. Des signes de lèpre apparurent soudain sur son front, et des marques d'autres maladies sur sa personne. (35) Dans cet état, il lui était impossible de se montrer au roi. Elle fit de la nécessité une vertu, et formula avec arrogance son refus de se présenter devant lui: Dis à Assuérus: «O fou et insensé ! As-tu perdu la raison à force de boire ? Je suis Vasthi, fille de Belschatsar, fils de Nabuchodonosor, ce Nabuchodonosor qui se moquait des rois et pour qui les princes étaient un objet de dérision, et même toi, tu n'aurais pas été jugé digne de courir devant le char de mon père en tant que messager. S'il avait vécu, je ne t'aurais jamais été donnée pour femme. Même ceux qui ont été condamnés à mort sous le règne de mon aïeul Nabuchodonosor n'ont pas été dépouillés de leurs vêtements, et tu exiges que je me montre nue en public ! C'est pour toi que je refuse d'obéir à cet ordre. Ou bien le peuple décidera que je ne suis pas à la hauteur de la description que tu en fais, et il te proclamera menteur, ou bien, envoûté par ma beauté, il te tuera pour s'emparer de moi, en disant: «Ce fou sera-t-il le maître de tant de beauté ?». (36)
La première dame de l'aristocratie perse encouragea Vashti à persévérer dans sa résolution. «Mieux vaut», dit sa conseillère, lorsque la deuxième somMton d'Assuérus fut remise à Vashti, accompagnée de sa menace de la tuer si elle n'obéissait pas, «mieux vaut que le roi te tue et anéantisse ta beauté, plutôt que ta personne soit admirée par d'autres yeux que ceux de ton mari, et qu'ainsi ton nom soit déshonoré, ainsi que le nom de tes ancêtres.» (37)
Lorsque Vasthi refusa d'obéir à l'ordre répété de se présenter devant le roi et les cent vingt-sept princes couronnés du royaume, Assuérus se tourna vers les sages juifs et leur demanda de prononcer une sentence à l'encontre de sa reine (Est 1,13). Leur réflexion fut la suivante: Si nous condamnons la reine à mort, nous en souffrirons dès qu'Assuérus sera dégrisé et saura que c'est sur notre conseil qu'elle a été exécutée. Mais si nous l'exhortons à la clémence maintenant, alors qu'il est en état d'ébriété, il nous accusera de ne pas avoir respecté la majesté du roi. Ils décidèrent donc de rester neutres. «Depuis la destruction du Temple, dirent-ils au roi, depuis que nous n'habitons plus notre terre, nous avons perdu le pouvoir de donner de sages conseils, surtout en Mtère de vie et de mort. Mieux vaut consulter les sages d'Ammon et de Moab, qui ont toujours vécu à l'aise dans leur pays, comme le vin qui s'est déposé sur sa lie et n'a pas été vidé d'un récipient à l'autre. (38)
Assuérus porta plainte contre Vasthi devant les sept princes de Perse, Carshena, Shethar, AdMta, Tarshish, Meres, Marsena et Memucan, venus respectivement d'Afrique, d'Inde, d'Edom, de Tarse, de Mursa, de Resen et de Jérusalem. (39) Les noms de ces sept fonctionnaires, chacun représentant son pays, indiquaient leur fonction. Carshena s'occupait des animaux, Shethar du vin, AdMta de la terre, Tarshish du palais, Meres de la volaille, Marsena de la boulangerie, et Memucan pourvoyait aux besoins de tous dans le palais, sa femme faisant office de gouvernante. (40)
Ce Memucan, originaire de Jérusalem, n'était autre que Daniel, appelé Memucan, «le désigné», parce qu'il avait été désigné par Dieu pour faire des miracles et obtenir la mort de Vasthi (Dn 1,6). (41)
Lorsque le roi demanda conseil à ces sept nobles, Memucan fut le premier à prendre la parole, bien qu'il fût inférieur aux six autres par son rang, comme le montre la place que son nom occupe dans la liste. Cependant, il est d'usage, aussi bien chez les Perses que chez les Juifs, lorsqu'on prononce une sentence de mort, de commencer le vote par le plus jeune des juges présents sur le banc, afin d'éviter que les plus jeunes et les moins éminents ne soient écrasés par l'opinion des plus influents. (42)
Memucan conseille au roi de faire de Vasthi un exemple, afin qu'à l'avenir aucune femme n'ose refuser d'obéir à son mari. Daniel-Memucan avait eu des expériences désagréables dans sa vie conjugale. Il avait épousé une riche Persane qui insistait pour lui parler exclusivement dans sa langue. (43) En outre, une antipathie personnelle existait entre Daniel et Vashti. Il avait été, dans une certaine mesure, la cause de son refus de se présenter devant le roi et ses princes. Vasthi détestait Daniel, parce que c'était lui qui avait prophétisé à son père sa mort et l'extinction de sa dynastie (Dn 5,17). Elle ne pouvait supporter sa vue, et c'est pourquoi elle ne se montrait pas à la cour en sa présence. (44) C'est aussi Daniel qui, en prononçant le nom de Dieu, a fait disparaître la beauté de Vasthi et a terni son visage. (45) En conséquence de tout cela, Daniel conseilla non seulement que Vasthi soit rejetée, mais qu'elle soit rendue inoffensive à jamais par la main du bourreau. Son conseil fut approuvé par ses collègues et par le roi. Afin que le roi ne retarda pas l'exécution de la sentence de mort et que Daniel lui-même ne mit pas sa vie en danger, il fit prêter à Assuérus le serment le plus solennel que connaissaient les Perses, selon lequel la sentence serait exécutée sur-le-champ. En même temps, un édit royal fut promulgué, faisant obligation aux femmes d'obéir à leurs maris. En ce qui concerne les difficultés domestiques de Daniel, il fut spécifié que la femme devait parler la langue de son seigneur et maître. (46)
L'exécution de Vasthi entraîna les conséquences les plus désastreuses. Tout son empire, ce qui revient à dire le monde entier, se souleva contre Assuérus. La rébellion généralisée ne fut réprimée qu'après son mariage avec Esther, mais pas avant qu'elle ne lui ait infligé la perte de cent vingt-sept provinces, soit la moitié de son royaume. C'est ainsi qu'il fut puni pour avoir refusé la permission de reconstruire le Temple. Ce n'est qu'après la chute d'Haman, alors que Mardochée avait été nommé chancelier de l'empire, qu'Assuérus réussit à soumettre les provinces révoltées. (47)
La mort de Vasthi n'était pas un châtiment immérité, car c'est elle qui avait empêché le roi de donner son accord à la reconstruction du Temple. «Veux-tu reconstruire le Temple que mes ancêtres ont détruit ?» avait-elle dit avec un ton de reproche. (48)

( )
1,12 Mais la reine Vasthi refusa de venir selon l'ordre du roi que les eunuques lui avaient transmis. L'irritation du roi fut extrême et sa colère s'enflamma. ( ) 1,13 Il s'adressa aux sages versés dans la science des lois -- car c'est ainsi que les affaires du roi étaient traitées, en présence de tous ceux qui étaient versés dans la science de la loi et du droit. ( ) 1,14 Il fit venir près de lui Karshena, Shétar, Admata, Tarshish, Mérès, Marsena et Memukân, sept grands officiers perses et mèdes admis à voir la face du roi et siégeant aux premières places du royaume. ( ) 1,15 "Selon la loi, dit-il, que faut-il faire à la reine Vasthi pour n'avoir pas obtempéré à l'ordre du roi Assuérus que les eunuques lui transmettaient?" ( ) 1,16 Et en présence du roi et des grands officiers Memukân répondit: "Ce n'est pas seulement contre le roi que la reine Vasthi a mal agi, c'est aussi contre tous les grands officiers et contre toutes les populations répandues à travers les provinces du roi Assuérus. ( )



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