Livre de Tobie
3,10 Ce jour-là, Sarra, la mort dans l’âme, se mit à pleurer. Et elle monta dans la chambre haute de la maison de son père avec l’intention de se pendre. Mais, à la réflexion, elle se dit : « Eh bien, non ! On irait insulter mon père et lui dire : “Tu n’avais qu’une fille, une fille très aimée, et elle s’est pendue à cause de ses malheurs !” Je ferais ainsi descendre mon vieux père plein de tristesse au séjour des morts. Mieux vaut pour moi ne pas me pendre, mais supplier le Seigneur de me faire mourir, pour que je n’aie plus à entendre de telles insultes à longueur de vie. » ( ) 3,11 À l’instant même, elle étendit les mains vers la fenêtre et fit cette prière : « Béni sois-tu, Dieu de miséricorde ; béni soit ton nom pour les siècles ; que toutes tes œuvres te bénissent à jamais ! ( ) 3,12 Et maintenant, j’élève vers toi mon visage et mes yeux. ( ) 3,13 Parle : que je disparaisse de la terre et n’aie plus à entendre d’insultes. ( ) 3,14 Tu sais, toi, Maître, que je suis indemne de toute impureté d’homme. ( )
3,15 Je n’ai pas déshonoré mon nom ni le nom de mon père sur ma terre d’exil. Je suis la fille unique de mon père, il n’a pas d’autre enfant pour hériter de lui, ni de parent proche ou lointain pour qui je devrais me garder comme épouse. J’ai déjà perdu sept maris : à quoi bon vivre encore ? Et s’il ne te semble pas bon de me tuer, Seigneur, entends au moins l’insulte qui m’est faite. »
( )
3,16 À cet instant précis, la prière de l’un et de l’autre fut portée en présence de la gloire de Dieu où elle fut entendue. ( ) 3,17 Et Raphaël fut envoyé pour les guérir tous deux : à Tobith pour enlever le voile blanchâtre qui couvrait ses yeux afin que, de ses yeux, il voie la lumière de Dieu, et à Sarra, fille de Ragouël, pour la donner en mariage à Tobie, fils de Tobith, et expulser delle Asmodée, le pire des démons ; en effet cest à Tobie que revenait le droit de lépouser plutôt quà tous ses prétendants. Juste à ce moment, Tobith rentrait de la cour dans sa maison tandis que Sarra, fille de Ragouël, descendait de la chambre haute. ( ) 4,1 Ce jour-là, Tobith se souvint de l’argent qu’il avait mis en dépôt chez Gabaël, à Raguès de Médie. ( ) 4,2 Il se dit en lui-même : « Voici que j’ai réclamé la mort. Ne devrais-je pas appeler mon fils Tobie et lui parler de cet argent avant de mourir ? » ( ) 4,3 Il appela son fils Tobie, qui vint à lui. Tobith lui dit : « Mon enfant, quand je mourrai, enterre-moi dignement. Honore ta mère et ne l’abandonne pas aussi longtemps qu’elle vivra. Fais ce qui lui est agréable et ne l’attriste en rien. ( )
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