Lecture en continu (SEGOND)

35,29 Il expira et mourut, et il fut recueilli auprès de son peuple, âgé et rassasié de jours, et Ésaü et Jacob, ses fils, l'enterrèrent.

18852 Les légendes des Juifs - Louis Ginzberg sur verset 2023-10-31: LA CAMPAGNE D'ESAU CONTRE JACOB
Lorsque Isaac sentit sa fin approcher, il appela ses deux fils auprès de lui, les chargea de ses dernières volontés et leur donna sa bénédiction: «Je vous adjure par le Nom exalté, loué, honoré, glorieux, immuable et puissant, qui a fait le ciel et la terre et toutes choses ensemble, de le craindre et de le servir, d'aimer chacun son frère dans la miséricorde et la justice, et de ne pas vouloir de mal à l'autre, maintenant et désormais pour l'éternité, tous les jours de votre vie, de jouir de la bonne fortune dans toutes vos entreprises, et de ne pas périr.»
Il leur ordonna de l'enterrer dans la caverne de Macpéla, près de son père Abraham, dans le tombeau qu'il avait creusé de ses propres mains. Puis il partagea ses biens entre ses deux fils, donnant à Ésaü la plus grande part et à Jacob la plus petite. Mais Ésaü dit: «J'ai vendu mon droit d'aînesse à Jacob, je le lui ai cédé, et il lui appartient.» Isaac se réjouit beaucoup de ce qu'Ésaü reconnaissait de lui-même les droits de Jacob, et il ferma les yeux en paix (315).
Les funérailles d'Isaac ne furent troublées par aucun acte inconvenant, car Ésaü était sûr de son héritage, conformément aux dernières volontés exprimées par son père. Mais lorsque vint le moment de partager les biens d'Isaac entre les deux frères, Ésaü dit à Jacob: «Divise les biens de notre père en deux parts, mais moi, l'aîné, je revendique le droit de choisir la part que je désire.» Que fait Jacob ? Il savait bien que «l'œil du méchant ne voit jamais de trésors suffisants pour le satisfaire». Il partagea donc leur héritage commun de la manière suivante: toutes les possessions Mtrielles de son père formaient une partie, et l'autre consistait en la revendication d'Isaac sur la Terre Sainte, avec la grotte de Machpelah, le tombeau d'Abraham et d'Isaac. Ésaü choisit comme héritage l'argent et les autres biens appartenant à Isaac, et Jacob conserva la grotte et le titre de propriété de la Terre Sainte. Un accord à cet effet fut rédigé par écrit en bonne et due forme et, sur la base de ce document, Jacob insista pour qu'Ésaü quitte la Palestine. Ésaü y consentit, et lui, ses femmes, ses fils et ses filles partirent pour le mont Séir, où ils s'établirent (316).
Après avoir cédé pour une fois devant Jacob, Ésaü revint dans le pays pour faire la guerre à son frère. Léa venait de mourir ; Jacob et les fils qu'elle avait eus portaient le deuil, et les autres fils qu'il avait eus de ses autres femmes essayaient de les consoler, lorsque Ésaü arriva avec une armée puissante de quatre mille hommes, bien équipés pour la guerre, revêtus d'une armure de fer et d'airain, et munis de boucliers, d'arcs et d'épées. Ils encerclèrent la citadelle où résidaient alors Jacob et ses fils, avec leurs serviteurs, leurs enfants et leurs familles, car ils s'étaient tous rassemblés pour consoler Jacob de la mort de Léa, et ils étaient assis là sans se préoccuper, sans se douter que quelqu'un méditait de les attaquer. La grande armée avait déjà encerclé leur château, et personne au-dedans ne se doutait de rien, ni Jacob, ni ses enfants, ni les deux cents serviteurs. Jacob vit qu'Ésaü avait l'intention de leur faire la guerre, qu'il cherchait à les tuer dans la citadelle et qu'il tirait des traits sur eux. Il monta sur la muraille de la citadelle et adressa à Ésaü des paroles de paix, d'amitié et d'amour fraternel. Il lui dit: «Est-ce là la consolation dont tu as besoin ? «Est-ce là la consolation que tu es venu m'apporter, pour me consoler au sujet de ma femme, qui a été enlevée par la mort ? Est-ce conforme au serment que tu as fait deux fois à ton père et à ta mère avant qu'ils ne meurent ? Tu as violé ton serment, et à l'heure où tu as juré à ton père, tu as été jugé.» Mais Ésaü répondit: «Ni les enfants des hommes ni les bêtes des champs ne font le serment de le tenir pour l'éternité, mais chaque jour ils conçoivent le mal les uns contre les autres, quand il est dirigé contre un ennemi, ou quand ils cherchent à tuer un adversaire. Si le sanglier change de peau et rend ses poils doux comme la laine, s'il fait pousser sur sa tête des cornes semblables à celles d'un cerf ou d'un bélier, alors j'observerai avec toi le lien de la fraternité».
Juda dit à son père Jacob: «Jusqu'à quand resteras-tu encore à lui adresser des paroles de paix et d'amitié ? Il nous attaque à l'improviste, comme un ennemi, avec ses guerriers vêtus de cotte de mailles, et il cherche à nous tuer.» En entendant ces paroles, Jacob saisit son arc et tua Adoram, l'Édomite ; une seconde fois, il banda son arc et la flèche atteignit Ésaü à la cuisse droite. La blessure était mortelle. Ses fils relevèrent Ésaü et le mirent sur son âne ; il arriva à Adora, et c'est là qu'il mourut.
Juda se porta au sud de la citadelle, avec Nephthali et Gad, aidés de cinquante serviteurs de Jacob ; à l'est, Lévi et Dan se portèrent avec cinquante serviteurs ; Ruben, Issacar et Zabulon, avec cinquante serviteurs, au nord ; Simon, Benjamin et Hénoc, le dernier fils de Ruben, avec cinquante serviteurs, à l'ouest. Juda était très brave dans les combats. Avec Nephthali et Gad, il s'avança dans les rangs des ennemis et s'empara d'une de leurs tours de fer. Ils reçurent sur leurs boucliers les projectiles acérés qui leur étaient lancés en si grand nombre que la lumière du soleil était obscurcie par les rochers, les dards et les pierres. Juda fut le premier à rompre les rangs de l'ennemi, dont il tua six vaillants hommes ; il était accompagné à droite par Nephtali et à gauche par Gad. Ils abattirent chacun deux soldats, et leur troupe de serviteurs tua chacun un homme. Ils ne parvinrent pas à repousser l'armée au sud de la citadelle, même lorsque Juda et ses frères attaquèrent ensemble l'ennemi, chacun d'eux choisissant une victime et la tuant. Ils échouèrent encore lors d'une troisième attaque combinée, mais cette fois-ci, chacun d'eux tua deux hommes.
Juda, voyant que l'ennemi restait en possession du champ de bataille et qu'il était impossible de le déloger, se ceignit de force et s'anima d'un esprit héroïque. Juda, Nephthali et Gad s'unirent et percèrent ensemble les rangs de l'ennemi ; Juda en tua dix, et ses frères huit chacun. Voyant cela, les serviteurs prirent courage, se joignirent à leurs chefs et combattirent à leurs côtés. Juda se plaça à droite et à gauche, toujours aidé de Nephtali et de Gad, et ils parvinrent ainsi à repousser l'ennemi d'un cran vers le sud, loin de la citadelle. Mais l'armée ennemie se ressaisit et tint tête à tous les fils de Jacob, qui, épuisés par les fatigues du combat, ne purent continuer à combattre. Juda se tourna alors vers Dieu, qui l'écouta et le secourut. Il fit jaillir une tempête de l'une des chambres de son trésor, qui souffla sur la face des ennemis, remplit leurs yeux de ténèbres et les empêcha de voir comment combattre. Juda et ses frères voyaient clair, car le vent soufflait dans leur dos. Juda et ses deux frères firent des ravages parmi les ennemis, ils les écrasèrent comme le moissonneur fauche les tiges de blé et les ramasse pour en faire des gerbes.
Après avoir mis en déroute la division de l'armée qui leur était assignée au sud, ils se hâtèrent de porter secours à leurs frères, qui défendaient l'est, le nord et l'ouest de la citadelle avec trois compagnies. De chaque côté, le vent souffla à la face des ennemis, et les fils de Jacob réussirent à anéantir leur armée. Quatre cents d'entre eux furent tués dans la bataille et six cents s'enfuirent, parmi lesquels les quatre fils d'Ésaü, Réuel, Jeush, Lotan et Koré. L'aîné des fils d'Ésaü, Éliphaz, ne prit pas part à la guerre, car il était un disciple de Jacob et ne voulait donc pas porter les armes contre lui.
Les fils de Jacob poursuivirent le reste de l'armée en fuite jusqu'à Adora. Là, les fils d'Ésaü abandonnèrent le corps de leur père et poursuivirent leur fuite vers la montagne de Séir. Les fils de Jacob passèrent la nuit à Adora et, par respect pour leur père, ils enterrèrent les restes de son frère Ésaü. Le Mtn, ils se mirent à la poursuite des ennemis et les assiégèrent sur la montagne de Séir. Les fils d'Ésaü et tous les autres fugitifs vinrent se jeter devant eux, se prosternèrent et les implorèrent sans cesse, jusqu'à ce qu'ils concluent la paix avec eux. Mais les fils de Jacob leur imposèrent un tribut (317).