Lecture d'un commentaire (9345)


Mt 26,6

Commentaire: Partout, dans les Écritures, l'huile signifie ou une oeuvre de miséricorde qui entretient la lampe de la parole et lui donne son éclat, ou la doctrine destinée à nourrir la parole de la foi, qui brille en nous comme une lumière. Généralement on donne le nom d'huile à tout ce qui sert à oindre le corps. Mais parmi les huiles, il y a les parfums, et parmi les parfums, il en est de plus précieux les uns que les autres. Ainsi tout acte, selon la justice, s'appelle une bonne oeuvre; mais parmi les bonnes oeuvres, celles que nous faisons pour les hommes ou d'une manière toute humaine, sont différentes de celles que nous faisons pour Dieu et dans l'intention de lui plaire. De même dans les actions que nous faisons pour Dieu, les unes sont utiles aux hommes, les autres ne tendent qu'à la gloire de Dieu. Ainsi, par exemple, un homme fait du bien à son semblable par un sentiment naturel de justice, et sans songer à plaire à Dieu, comme le faisaient parfois les Gentils, cette action est une huile ordi naire, qui n'a point d'odeur exquise, elle est cependant agréable à Dieu; car, comme le dit saint Pierre dans les écrits de saint Clément, les bonnes oeuvres que font les infidèles leur ser vent dans ce monde, mais non dans l'autre où elles sont stériles pour la vie éternelle. Ceux qui agissent pour Dieu, en recueillent surtout le prix dans l'autre vie, et c'est un parfum qui exhale une odeur délicieuse. Quelquefois ils agissent dans l'intérêt du prochain en faisant des aumô nes, ou d'autres oeuvres semblables, et celui qui exerce ces oeuvres de miséricorde à l'égard des chrétiens, répand des parfums sur les pieds de Jésus-Christ. C'est ce que font ordinaire ment les pécheurs repentants pour obtenir la rémission de leurs péchés. Celui, au contraire, qui s'applique à la pratique de la chasteté, qui persévère dans les prières, dans les jeûnes et dans d'autres oeuvres qui ne tendent qu'à la gloire de Dieu, répand des parfums sur la tête du Seigneur; c'est un parfum précieux dont l'odeur se répand dans toute l'Église, et c'est l'oeuvre propre, non pas des pénitents, mais des parfaits. Ou bien, le parfum répandu sur les pieds du Sauveur, c'est la doctrine qui est nécessaire aux hommes, tandis que la connaissance de la foi qui n'a pour objet que Dieu est le parfum répandu sur la tête de Jésus-Christ, et c'est par ce parfum que nous sommes, par le baptême, ensevelis avec Jésus-Christ pour mourir au péché.


Source: Origène (Peronne-Vivès 1868)