Lecture d'un commentaire (9153)


Mt 24,45

Commentaire: Détournons nos regards de ce mauvais serviteur qui redoute l'arrivée de son maître, et arrêtons-les sur ces trois bons serviteurs qui désirent le retour de leur maître. L'un d'eux attend son maître plus tôt, le second, plus tard, le troisième avoue son igno rance sur ce point; voyons quel est celui dont la conduite se rapproche le plus des préceptes de l'Évangile, Le premier dit: Veillons et prions, car le maître va bientôt venir; le second: Veil lons et prions, car cette vie est courte et incertaine, bien que le maître doive tarder à venir; le troisième: Veillons et prions, parce que cette vie est courte et incertaine, et nous ne savons pas quand le maître doit venir. Or, ce dernier ne dit autre chose que ce que dit l'Évangile: «Veillez, car vous ne savez à quelle heure le Seigneur doit venir». Tous voudraient, par suite du désir qu'ils éprouvent de voir le royaume de Dieu, que ce que pense le premier fût vrai, et si les choses arrivaient ainsi, le second et le troisième partageraient sa joie. Si au contraire, l'événement ne justifie pas la croyance du premier, il est à craindre que ce retard n'ébranle ceux qui l'avaient partagée, et qu'ils n'en viennent à croire, non pas que l'avènement du Seigneur doit tarder, mais qu'il n'aura jamais lieu. Ceux qui pensent comme le second, que le Seigneur doit différer son avènement, supposé que Cette croyance ne soit pas fondée, ne seront point troublés dans leur foi, mais ils seront comblés d'une joie inespérée. Celui enfin qui confesse son ignorance sur toutes ces choses, désire l'arrivée de son maître, en supporte le retard, et ne se trompe dans aucune conjecture, parce qu'il n'en affirme et n'en nie aucune.


Source: Saint Augustin (Peronne-Vivès 1868)