Lecture d'un commentaire (912)


Ep 2,11

Commentaire: Autre aspect de la condition humaine sans le Christ : la mort va de pair avec les divisions. Avant le Christ les hommes étaient divisés et ne connaissaient pas notre Père commun. Comme ils n’étaient pas mûrs pour une union rapide dans la vraie foi, Dieu en a tenu compte lorsqu’il a préparé la venue du Christ. Il a choisi un peuple et, pour éviter que les erreurs des païens ne contaminent les siens, il les a séparés par une loi leur interdisant de cohabiter avec les autres peuples : voir Marc 7.24 et Actes 10.1. Il y avait donc, dans le temple de Jérusalem, loin du sanctuaire, une cour ouverte aux païens, et près du sanctuaire, une autre réservée aux Juifs, avec un mur entre les deux. Cette ligne de division était l’image de toutes les barrières que le Christ allait renverser. Jésus enseigne la coexistence jusqu’alors interdite. Mis en croix par les Juifs et les païens, il surmonte la haine de tous par son amour qui pardonne et, une fois ressuscité, il rassemble tous les hommes en lui. Tout comme la croix est faite de deux barres, l’une verticale vers le ciel, et l’autre horizontale vers les extrémités de la terre, de même la paix s’étend dans deux directions : vers Dieu et vers les hommes. Il a réconcilié avec Dieu les deux peuples devenus un seul corps. Il touchait ainsi les deux aspects d’un même péché : la violence entre les hommes, et notre indifférence envers Dieu. Le Christ les a déjà réunis : que nous le voulions ou non, l’Évangile détruira toutes les différences entre les hommes. Dans un même Esprit (18). Seul l’Esprit permet que chacun se réalise dans la communion avec les autres. L’unité dans l’Église n’est pas l’uniformité : les croyants ne sont pas mis dans un même moule. Il n’est pas question d’avoir les mêmes options sur les problèmes humains ; nous avons le droit de ne pas penser la foi de la même manière, pourvu que nous acceptions tout ce que dit le Credo. L’Esprit accorde à chaque personne de se réaliser en vérité, tout en étant “en communion” avec les autres croyants. C’est ainsi que naît “l’homme nouveau” qui n’est pas le produit d’une politique ou d’une idéologie, mais l’œuvre de Dieu : comme le dit Paul, il s’agit d’une nouvelle création. Vous êtes de la maison de Dieu (19). Dans le langage de la Bible, cela veut dire : appartenir à la famille de Dieu. De là, Paul passe à une autre image : vous êtes la maison, le vrai temple de Dieu. La communauté des croyants est, ou plutôt se convertit en un temple de Dieu. Cette vision grandiose de l’Église et de notre unité dans l’Église étonnera peut-être bien des chrétiens d’aujourd´hui qui sentent plus habituellement leurs responsabilités vis-à-vis du monde qu’il faut rendre vivable. Mais de quel Esprit serons-nous porteurs, et ferons-nous l’œuvre de Dieu, si nous ne sommes pas appuyés par une communauté ? Même si bien des choses, dans la communauté chrétienne, nous semblent étrangères, ce serait un mauvais signe que nous ne puissions y reconnaître la vérité qui manque à nos amis incroyants et sans laquelle nous perdrions notre raison de vivre.


Source: Bible des peuples