Lecture d'un commentaire (8927)


Mt 23,29

Commentaire: Ou bien ils se disaient en eux-mêmes: Si nous faisons du bien aux pauvres nous aurons peu de témoins, et ce sera l'affaire d'un instant; ne vaut il donc pas mieux élever des monu ments que tous pourront voir, non-seulement dans le temps présent, mais encore dans la suite des siècles ! Insensé, que vous servira ce souvenir après votre mort, si vous êtes tourmenté là où vous serez, et loué là où vous ne serez pas ! Or, ce reproche, que Notre-Seigneur fait aux Juifs, est en même temps une leçon pour les chrétiens, car s'il n'avait eu en vue que les Juifs dans ces paroles, il se fût contenté de les leur adresser, et ne les aurait pas fait transmettre à la postérité; elles ont donc été dites pour eux et écrites pour nous. Si donc un homme, indépen damment du bien qu'il fait d'ailleurs, élève des édifices sacrés, il augmente le nombre de ses bonnes oeuvres; mais, s'il ne peut présenter aucune autre bonne action, il n'a pour mobile de sa conduite qu'un désir de gloire toute humaine, et ce ne peut être pour les martyrs un sujet de joie de voir employer et leur honneur un argent qui coûte tant de larmes aux pauvres. Les Juifs, d'ailleurs, ont toujours professé le culte du passé et des anciens, en même temps qu'ils mépri saient et persécutaient leurs contemporains. En effet, comme les reproches des prophètes leur étaient à charge, ils les persécutaient et les mettaient à mort; puis ensuite leurs enfants recon naissaient les fautes de leurs pères, et leur élevaient des tombeaux comme témoignage de l'innocence dés prophètes et des regrets qu'ils éprouvaient de leur mort; et, en même temps, ils persécutaient eux-mêmes les prophètes, qui leur reprochaient leurs crimes, et ils devenaient leurs meurtriers: «Et vous dites, ajoute Notre-Seigneur: Si nous eussions vécu du temps de nos pères nous ne nous fussions pas joints à eux pour ré pandre le sang des prophètes.


Source: Saint Jean Chrysostome (Peronne-Vivès 1868)