Lecture d'un commentaire (8637)


Mt 21,33

Commentaire: Mais une difficulté plus sérieuse, c'est que, d'après saint Luc, non-seulement les Juifs n'ont pas fait cette réponse, mais qu'ils en ont donné une toute contraire; car voici comment cet Évangéliste s'exprime: «Ce qu'ayant entendu, c'est-à-dire cette sen tence tombée des lèvres du Sauveur, ils dirent: A Dieu ne plaise». Or, on peut lever cette ap parente contradiction en disant que parmi le peuple qui l'écoutait, quelques-uns firent la ré ponse rapportée par saint Matthieu, et d'autres celle de saint Luc: «A Dieu ne plaise».Et on ne doit pas se laisser ébranler par cette circonstance que saint Matthieu raconte que les princes des prêtres et les anciens du peuple s'approchèrent du Sauveur, et continue sa narration jus qu'à la parabole de la vigne louée aux vignerons sans faire paraître d'autres interlocuteurs. Car on peut très-bien supposer que tout ce discours s'adressait a ux princes des prêtres, mais que saint Matthieu, pour abréger, a omis ce que rapporte saint Luc, c'est-à-dire que la parabole de la vigne fut exposée non-seulement devant ceux qui avaient interrogé Jésus sur son autorité, mais encore en présence du peuple, et c'est parmi le peuple qu'il s'en est trouvé pour faire cette réponse: «Il les fera périr, et il donnera sa vigne à d'autres». Saint Marc attribue cette réponse au Seigneur lui-même, à cause de la vérité qu'elle renferme, ou par suite de l'union des membres avec leur chef, union qui en fait un seul corps. Mais il y en eut aussi qui, entendant cette réponse, s'écrièrent: «A Dieu ne plaise», parce qu'ils comprenaient que cette parabole était dirigée contre eux.


Source: Saint Augustin (Peronne-Vivès 1868)