Lecture d'un commentaire (863)


Mc 14,12

Commentaire: Jésus a voulu préciser le sens de sa passion prochaine au cours du repas pascal. Il allait à une mort qu’il avait librement acceptée et qui allait sauver le monde. En quoi consistait “son” salut ? Il amènerait l’histoire humaine à sa réalisation : les hommes et les peuples ont besoin de mûrir, de s’affronter et finalement de s’unir en un seul corps. Le monde devait passer par mille crises et morts afin de parvenir à la résurrection. Au cours de cette histoire, Dieu multiplierait et répartirait les richesses de son Esprit, et il amènerait ses élus à la sainteté. Jésus avait présenté un message qui allait guider l’humanité, mais il fallait aussi un peuple de Dieu, une minorité, un ferment qui se sente engagé dans l’œuvre de Dieu, et envers qui Dieu s’engagerait lui-même. Douze siècles avant la naissance de Jésus, Dieu avait conclu au mont Sinaï une alliance qui faisait d’Israël le peuple de Dieu parmi tous les autres peuples. Mais à mesure que le temps passait et que les infidélités du peuple de Dieu apparaissaient plus clairement, les prophètes attendaient autre chose : une alliance dont le premier effet serait le pardon des péchés (Jérémie 31.31). La famille de Dieu ne s’identifierait plus à une race, elle serait une famille de croyants dont les péchés seraient pardonnés : c’est l’Église. La veille de sa mort, Jésus rappelle la première alliance du mont Sinaï, quand le sang des animaux avait été répandu (Exode 24.8). Il allait bientôt verser son propre sang pour une multitude (Isaïe 53.11). Cette “multitude” vise, d’une façon spéciale, l’Église. Par sa mort, Jésus purifie tous ceux qui seront son propre peuple dans le monde. Chaque fois que nous célébrons l’eucharistie (la messe), nous renouvelons cette alliance. Jésus se fait notre pain spirituel et nous consacre à son Père afin que nous puissions participer de plus en plus à son œuvre de salut. Ce dernier repas de Jésus est la première liturgie chrétienne. Au lieu des cérémonies solennelles qui se faisaient dans le Temple, le moment liturgique le plus important de la vie de l’Église sera un repas fraternel où redevient présent le mystère de mort et de résurrection. Je ne boirai plus du produit de la vigne. L’eucharistie annonce le jour où le Christ célébrera le banquet dans le royaume avec toute l’humanité réunie en lui. Pour comprendre le sens de la Cène, il faut lire les discours d’adieux de Jésus à ses apôtres, discours que Jean situe en cette nuit du Jeudi Saint (Jean 14-17). Jésus était venu préparer par sa parole l’effusion de son Esprit parmi les croyants. Maintenant il est présent d’une manière spéciale et agit en ses disciples avec une nouvelle efficacité quand ils se réunissent pour célébrer le Repas du Seigneur. Jean l’explique dans Jean 6 et Paul dans 1Corinthiens 11.17.


Source: Bible des peuples