Lecture d'un commentaire (8505)


Mt 21,1

Commentaire: C'est par suite de quelques rapports d'analogie que les hommes, qui ne connaissent pas le Fils de Dieu, ont été comparés à ces deux animaux. L'âne, en effet, est un animal immonde, le moins intelligent presque de tous les animaux, faible, stupide, vil et fait pour porter les fardeaux. C'est ainsi que les hommes, avant l'avènement du Christ, étaient souillés par le dérèglement de toutes les passions, sans intelligence, parce qu'ils étaient privés de la raison du Verbe, insensés par le mépris qu'ils faisaient de Dieu, faibles dans leur âme, sans noblesse dans les sentiments, parce qu'ayant oublié leur céleste origine, ils étaient devenus les esclaves de leurs passions et des démons; semblables à des bêtes de somme, parce qu'ils portaient le fardeau de l'erreur que les philosophes ou les démons leur avait imposé. L'ânesse était liée, c'est-à-dire retenue dans les liens de l'erreur par le démon, et n'ayant pas la liberté d'aller où elle voudrait. Car avant de pécher, nous sommes libres de suivre le démon ou de lui résister, mais si nous nous laissons une seule fois enchaîner par ses oeuvres en commettant le péché, nous ne pouvons plus lui échapper par notre propre force. Semblable à un vaisseau dont le gouvernail est brisé, et qui devient le jouet de la tempête, l'homme qui a perdu par le péché le secours de la grâce divine, ne fait plus ce qu'il veut, mais ce que veut le démon; et si Dieu ne brise ses chaînes de la puissante main de sa miséricorde, il restera jusqu'à sa mort captif dans les liens du péché. C'est pour cela que le Sauveur dit à ses disciples: «Déliez-les», par votre doctrine, par vos miracles, et c'est ainsi que tous les Juifs et toutes les nations ont été délivrés par les Apôtres. «Et amenez-les moi», c'est-à-dire faites-les servir à ma gloire.


Source: Saint Jean Chrysostome (Peronne-Vivès 1868)