Lecture d'un commentaire (8499)


Mt 21,1

Commentaire: Il y a quelque différence dans la manière dont les Évangélistes rapportent ce témoignage du prophète, saint Matthieu le cite en disant que le prophète fait mention expresse de l'ânesse; mais dans saint Jean, la citation est différente, ainsi que dans la version de l'Écriture en usage dans l'Église. La raison en est que saint Matthieu écrivit son Évangile en hébreu. Or, il est certain que la traduction des Septante s'écarte quel quefois du texte hébreu, au témoignage de ceux qui connaissent cette langue, et qui ont traduit les livres saints sur ce texte primitif. Si l'on me demande d'où vient cette différence, la meil leure raison qu'on en puisse donner, à mon avis, c'est que les Septante ont traduit les saintes Écritures selon l'esprit qui les avait dictées; et l'admirable accord qui parut dans leur travail en est une preuve. S'ils présentent dans leur version quelques variantes de mots, tout en restant fidèles au dessein de Dieu, dont ils traduisaient les paroles, cela ne prouve autre chose que ce que nous admirons dans la concordance qui existe entre les Évangélistes, malgré quelques légè res diversités; c'est-à-dire qu'il n'y a rien de contraire à la vérité lorsque le récit de l'un d'entre eux, tout en étant différent d'expressions, n'est cependant pas opposé à la pensée et à l'intention de celui avec lequel il doit s'accorder. Cette observation nous est utile pour notre conduite, elle nous apprend à éviter tout mensonge; elle n'est pas moins utile pour la foi, en nous enseignant que la vérité n'est ni défendue ni garantie par certaines expressions consa crées, et que Dieu n'attache pas aux mots qui expriment la vérité la même importance qu'à la vérité elle-même. Au contraire, les mots n'ont qu'une importance tellement relative pour ex primer la vérité, que nous ne devrions nullement nous en préoccuper si nous pouvions connaî tre la vérité sans leur secours, comme Dieu la connaît, et comme la connais sent en lui ses an ges.


Source: Saint Augustin (Peronne-Vivès 1868)