Lecture d'un commentaire (8363)


Mt 19,27

Commentaire: Il ne dit pas: Pour juger les nations de l'univers, mais: «Pour juger les tribus d'Israël», parce que les Juifs et les Apôtres avaient été élevés suivant les mêmes lois et sous les mêmes institutions. Aussi lorsque les Juifs viendront dire: Nous avons refusé de croire au Christ, parce que la loi le défendait, on leur opposera les disciples de Jésus, qui ont reçu et observé la même loi. Mais on dira peut-être: Quelle si grande récompense leur a-t-il promise, s'ils ne doivent recevoir que ce que la reine du Midi et les Ninivites recevront eux-mêmes? Il leur a déjà promis et il leur promettra encore d'autres récompenses bien plus magnifiques, mais ici-même il indique que ce qui leur est destiné est bien supérieur à ce que recevront les Ninivi tes. En parlant de ces derniers, il dit simplement qu'ils se lèveront contre cette génération pour la condamner, mais lorsqu'il s'agit des Apôtres, il s'exprime en ces termes: «Lorsque le Fils de l'homme siégera sur le trône de sa gloire, vous serez assis vous-mêmes sur douze trônes»,etc. Il est donc certain qu'ils partageront et sa royauté et sa gloire. C'est cet honneur et cette gloire qui sont figurés ici par les trônes. Or, comment s'est accomplie cette promesse? Est-ce que Judas siégera aussi avec les autres Apôtres? Non, assurément, car voici la loi que le Seigneur a établie par le prophète Jérémie: «Je me déclarerai en faveur d'une nation ou d'un royaume pour l'établir et pour l'affermir, mais si ce royaume ou cette nation pêche devant mes yeux, je me repentirai aussi du bien que j'avais résolu de lui faire»; c'est-à-dire: S'ils se ren dent indignes de mes promesses, je me garderai bien de les accomplir. Or, Judas s'est rendu indigne de l'honneur qui lui avait été promis. Aussi n'est-ce pas sans conditions que le Sauveur fait cette promesse à ses disciples; car il ne dit pas d'une manière absolue: «Vous serez assis», mais il fait précéder ces paroles de celles-ci: «Vous qui m'avez suivi», paroles qui ex cluaient Judas, et qui attiraient à lui ceux qui devaient plus tard marcher à sa suite; car ce n'était ni aux disciples seuls, ni à Judas, qui s'en était déjà rendu indigne, que Notre-Seigneur les adressait.


Source: Saint Jean Chrysostome (Peronne-Vivès 1868)