Lecture d'un commentaire (817)


Mc 10,23

Commentaire: Jésus ne dit pas que le riche ne sera pas sauvé, mais qu’il n’entrera pas dans le Royaume de Dieu qui consiste à partager dès maintenant les inquiétudes, le bonheur et la liberté du Christ. Tant qu’une personne n’a pas su se libérer de problèmes matériels urgents et dominer, en quelque sorte, les biens de ce monde, il manque quelque chose à son existence humaine. Mais à ceux qui déjà ont l’être et l’avoir, Jésus propose de tout laisser et de le suivre comme la condition pour expérimenter dès cette vie la présence de Dieu Père. Il est plus facile pour un chameau de passer par le trou d’une aiguille. On a souvent imaginé des commentaires pour assouplir cette parole de Jésus : “Il y avait à Jérusalem une petite porte dans les remparts, appelée porte de l’aiguille, où les chameaux chargés ne passaient qu’à grand-peine”. Mais cette porte n’a jamais existé. Ou bien encore : “Jésus parle bien d’un chas d’aiguille, mais il faut entendre le fil de chameau et non le chameau lui-même.” En fait nous voudrions bien pouvoir rectifier la parole catégorique de Jésus et dire plutôt : il est difficile, voire très difficile, à un riche d’entrer dans le Royaume de Dieu, mais non pas impossible. Laissons toutes ces interprétations fantaisistes de côté et écoutons l’Évangile : aux apôtres qui ont bien compris la comparaison, Jésus répond nettement : oui, c’est impossible. Mais aussitôt Jésus s’adresse aussi bien au riche qu’à celui qui le juge : il rappelle la distance infinie qui sépare l’homme pécheur de la sainteté de Dieu, mais aussi l’amour infini du Père qui accomplit pour nous l’impossible. Dieu sauve les hommes, y compris les riches, mais en leur enlevant tout le bénéfice et la fausse sécurité que leur richesse pourrait leur donner. Même s’il est vrai que la richesse nous laisse à la porte du Royaume, ce n’est pas en faisant de l’ascétisme, moins encore en condamnant les riches, que nous entrerons. Quelle que soit la valeur de la vraie pauvreté, Jésus nous rappelle de façon radicale que notre salut est l’œuvre de Dieu et de lui seul.


Source: Bible des peuples