Lecture d'un commentaire (8154)


Mt 18,15

Commentaire: L'Apôtre nous fait cette recommandation: «Reprenez devant tout le monde le pécheur scandaleux, afin que les autres aient de la crainte». Il faut donc que vous sachiez qu'il est des circonstances où il faut reprendre votre frère seul à seul, et d'autres où il faut le reprendre devant tout le monde. Mais que devons nous faire avant d'en arriver là? Écoutez et retenez: «Si votre frère, dit-il, a péché contre vous, reprenez-le entre vous et lui seul». Pourquoi? Parce qu'il a péché contre vous. Que veulent dire ces paroles: «il a péché contre vous ?» Vous savez qu'il a péché, et puisque son offense contre vous a été secrète, que votre correction le soit également; car si vous êtes le seul pour connaître qu'il a pêché contre vous, et que vous vouliez cependant le reprendre publiquement, ce n'est plus une correction, mais une accusation publique. Votre frère a donc pêché contre vous, mais si vous êtes le seul pour le savoir, c'est vraiment contre vous seul qu'il a péché; s'il vous a offensé devant un grand nombre de personnes, il a péché contre tous ceux qu'il a rendu témoins de sa faute. Il faut donc reprendre publiquement les fautes publiques, et en secret les fautes secrètes, Apprenez à discerner les temps et les occasions, et vous concilierez les Écritu res. Or, pourquoi reprenez-vous le prochain? Est-ce parce que vous éprouvez de la peine d'en avoir été offensé? A Dieu ne plaise, si vous le faites par amour pour vous, vous ne faites rien; si, au contraire, vous le reprenez dans son intérêt, vous agissez dans la perfection. Or, appre nez des paroles elles-mêmes de Notre-Seigneur, dans qu'elle intention vous devez faire cette réprimande, si c'est dans votre intérêt, ou dans celui de votre frère: «S'il vous écoute, vous aurez gagné votre frère», etc. Faites-le donc pour lui, afin de le gagner. Reconnaissez qu'en péchant contre votre frère, vous vous êtes perdu, car, autrement, comment vous aurait-il ga gné? Que personne donc ne regarde comme indifférente l'offense faite à un de ses frères.


Source: Saint Augustin (Peronne-Vivès 1868)