Lecture d'un commentaire (8039)


Mt 17,14

Commentaire: Pierre, qui désirait cette vie glorieuse qui venait de lui être révélée, et préférait ses inté rêts aux intérêts du grand nombre, disait: «Nous sommes bien ici». Mais la charité ne cherche pas ses intérêts personnels (1 Co 13); aussi Jésus n'accéda point au désir de son disciple, il descendit vers le peuple comme de la montagne élevée de sa divinité, afin de secourir ceux qui ne pouvaient monter jusqu'à lui, par suite des infirmités de leur âme. C'est ce que signifient ces paroles: «Et lorsqu'il fut venu vers le peuple». Car s'il n'était pas venu le premier vers ce peuple avec les disciples qu'il avait choisis, il n'eût pas vu s'approcher de lui cet homme dont il est dit: «Un homme s'approcha de lui, et se jetant à ses pieds, il lui dit: Seigneur, ayez pitié de mon fils». Remarquons ici que tantôt ce sont les malades eux-mêmes dont la foi sollicite la guérison; tantôt ce sont d'autres personnes qui la demandent pour eux, comme cet homme prosterné aux genoux de Jésus le prie pour son fils; tantôt, enfin, le Sauveur guérit de lui-même sans en avoir été prié. Or, exa minons d'abord ce que signifient ces paroles: «Il est lunatique, et il souffre beaucoup». Les médecins interprètent cette maladie à leur manière, ils ne veulent point y voir l'action de l'esprit impur, mais l'effet d'une douleur matérielle; ils prétendent que les humeurs sont mises en mouvement dans la tête d'après certain rapport d'influence exercé par la lune. Pour nous, qui croyons à l'Évangile, nous disons que c'est l'esprit impur qui est l'auteur de cette maladie dans les hommes. Il observe certaines phases de la lune, et il agit de manière à faire adopter aux hommes cette erreur que leurs maladies sont la suite des influences lunaires, et à leur faire conclure que les créatures de Dieu sont mauvaises. C'est ainsi que d'autres démons observent d'autres signes dans les étoiles pour tendre des pièges aux hommes, et proférer contre le ciel des paroles d'iniquité, c'est-à-dire qu'il existe des étoiles malfaisantes, et d'autres douées de qualités contraires, quand il est vrai de dire que Dieu n'a créé aucune étoile qui puisse faire du mal aux hommes.


Source: Origène (Peronne-Vivès 1868)