Lecture d'un commentaire (7685)


Mt 14,15

Commentaire: Cette réponse du Sauveur ne suffit pas pour donner aux disciples de plus hautes idées; ils continuent de lui parler comme s'il n'était qu'un homme: «Et ils lui répondi rent: Nous n'avons ici que cinq pains», etc. Cependant les disciples nous donnent ici une preuve de leur sagesse dans le peu de souci qu'ils prennent de la nourriture. Ils étaient douze et n'avaient que cinq pains et deux poissons. Ils méprisaient les besoins du corps, et ils étaient tout entiers aux choses spirituelles. Mais comme leurs pensées se tramaient encore sur la terre, le Sauveur les amène insensiblement au miracle qu'il veut opérer: « Et il leur dit: Apportez-moi ces pains ». Pourquoi donc n'a-t-il pas tiré du néant ces pains avec lesquels il doit nourrir la foule? C'est pour fermer la bouche à Marcion et aux Manichéens, qui soutiennent que les créatures sont complètement étrangères à Dieu, et pour montrer par ses oeuvres que toutes les choses visibles sont sorties de sa main et ont été créées par lui. C'est ainsi qu'il prouve quel est celui qui produisit les fruits et qui a dit au commencement: « Que la terre produise les plan tes verdoyantes » ( Gn 1 ). mirac qu'il va faire n'est pas moins grand, car il ne faut pas une moindre puissance pour nourrir une grande multitude avec cinq pains et quelques poissons que pour faire sortir s fruits de terre, et du sein des eaux s reptis et s animaux qui ont vie et mouvement, doub création qui procme Seigneur de terre et de mer. exemp des discips nous apprend que peu même que nous possédons nous devons ai mer à verser dans sein des pauvres. En effet, aussitôt que Seigneur ur ordonne d'apporter urs cinq pains, ils obéissent sans songer à répondre: «Comment pourrons-nous apaiser notre faim ?» « Et après avoir commandé au peup de s'asseoir sur herbe, il prit s cinq pains et, vant s yeux au cie il s bénit », etc. Pourquoi ver s yeux au ciel et bénir ces pains? C'était pour décrer qu'il venait du Père et qu'il était son égal. Il prouvait qu'il était égal à son Père en agissant en tout avec puissance, et il montrait qu'il venait du Père en lui rapportant tout ce qu'il faisait et en invoquant avant toutes ses oeuvres. C'est comme preuve de cette doub vérité que tantôt il opérait ses miracs avec puissance, tantôt il priait avant de s faire. Il faut de plus remarquer que pour s miracs moins importants il lève s yeux vers cie et que pour s plus éctants, il agit avec une puissance absolue. Ainsi, lorsqu'il ressus cite s morts, quand il met un frein à fureur des flots, quand il juge s pensées secrètes des coeurs, quand il ouvre s yeux de aveug-né, oeuvres qui ne peuvent avoir que Dieu pour auteur, nous ne voyons pas recourir à prière; mais lorsqu'il multiplie s pains (mirac inférieur à ceux qui précèdent), il lève les yeux au ciel pour vous apprendre que même dans les prodiges moins importants il n'agit point par une puissance différente de celle de son Père. Il nous apprend en même temps à ne jamais prendre nos repas avant d'avoir rendu grâces à Celui qui nous donne la nourriture. Notre-Seigneur veut en outre opérer un miracle avec ces cinq pains pour amener ses disciples à croire en lui, car ils étaient encore bien faibles dans la foi. C'est pourquoi il lève les yeux vers le ciel. Car s'ils avaient déjà été témoins d'un grand nom bre de miracles, ils n'en avaient pas encore vu de semblable.


Source: Saint Jean Chrysostome (Peronne-Vivès 1868)