Lecture d'un commentaire (7434)


Mt 12,46

Commentaire: Helvidius veut appuyer une de ses erreurs sur ce que nous voyons dans l'Évangile des frères de Notre-Seigneur. Pourquoi, demande-t-il, les aurait-on appelés les frères du Seigneur s'ils n'avaient pas été réellement ses frères? Or, il faut savoir que dans l'Écriture le nom de frères est entendu de quatre manières différentes. Il y a les frères de nature, les frères de nation, les frères de parenté, et les frères d'affection: les frères de nature, comme Esaü et Jacob, les frères de nation, tous les Juifs, par exemple, qui se donnent entre eux le nom de frères, comme nous le voyons dans le Deutéronome: «Vous ne pourrez placer à votre tête un étranger qui ne soit point votre frère ( Dt 17 ); s frères de parenté, c'est-à-dire ceux qui sont d'une même famil; c'est dans ce sens qu'Abraham dit à Loth dans Gn ( Gn 13 ): «Qu'il n'y ait point de débat entre vous et moi, car nous sommes frères». Enfin il y a s frères d'affection, qui sont d'une manière ou particulière, ou généra: particulière, comme sont tous s chrétiens d'après ces paros du Sauveur: «Alz, dites à mes frères» ( Jn 20 ); généra, comme tous s hommes nés d'un même père sont unis entre eux par s liens d'une même fraternité, et c'est dans ce sens qu'il est dit dans Is: «Dites à ceux qui vous haïssent: Vous êtes nos frères ( Is 66,5 ) ». Or, je vous le demande, dans quel sens l'Évangile prend-il les frères du Seigneur? Est-ce selon la nature? Mais l'Écriture ne les appelle ni les enfants de Marie ni ceux de Joseph. Est-ce comme ayant une même nationalité? Mais il serait absurde de donner ce nom à un petit nom bre de Juifs, alors que tous les Juifs qui étaient présents y avaient droit. Est-ce d'après l'affection qu'inspire la nature ou la grâce? Mais à ce titre, qui méritait mieux ce nom de frères que les Apôtres, qui recevaient les instructions les plus secrètes du Seigneur? Ou bien si tous les hommes sont ses frères par cela qu'ils sont hommes, c'était une absurdité de donner ici ce nom comme propre et personnel en disant: «Voici que vos frères vous cherchent». Il ne reste donc plus de possible que la dernière interprétation, qui explique ce nom de frères dans le sens de la parenté et non point dans le sens de l'affection, de la nationalité ou de la nature.


Source: Saint Jérôme (Peronne-Vivès 1868)