Lecture d'un commentaire (7343)


Mt 12,25

Commentaire: Ils avaient déjà accusé plus haut le Seigneur de chasser les démons par Beelzébub, sans qu'il les en eût repris; il voulait laisser à la multitude de ses miracles de leur faire connaître sa puis sance, et à sa doctrine de révéler sa grandeur; mais comme ils persévéraient dans cette inter prétation calomnieuse, il leur en fait des reproches sévères, bien que cette accusation n'eût pas le moindre fondement, car l'envie n'examine pas la nature de ses accusations, pourvu qu'elle accuse. Cependant Jésus ne leur répond point avec mépris, mais ses paroles sont pleines de douceur et de dignité pour nous apprendre à être doux envers nos ennemis, à ne point nous troubler alors même qu'ils nous accuseraient de choses que nous ne reconnaissons pas en nous et qui n'ont aucun fondement. Cette conduite fait même ressortir l'odieux de leurs calomnies, car un possédé du démon n'aurait pu faire ni paraître une aussi grande douceur, ni connaître les pensées des coeurs. C'est du reste parce que leurs accusations étaient dépourvues de toute raison, qu'ils redoutaient la multitude, et qu'ils n'osaient rendre publique cette accusation contre le Christ; ils se contentaient de l'agiter au fond de leur coeur. C'est pour cela que l'Évangéliste dit: «Or, Jésus connaissant leurs pensées». Le Sauveur, dans sa réponse, ne relève point cette volonté qu'ils avaient de l'accuser; il ne divulgue pas leur méchanceté, il se contente de leur répondre, car son désir était d'être utile aux pécheurs et non pas de dévoiler leurs crimes. Il ne se justifie point non plus à l'aide de témoignages de l'Écriture, car ils n'y auraient fait aucune attention et les auraient expliqués dans un autre sens, mais il tire sa ré ponse des choses qui arrivent ordinairement. Les guerres qui viennent de l'extérieur sont bien moins funestes que les guerres civiles: c'est ce qui se vérifie également pour tous les corps comme pour tous les êtres. Mais le Seigneur emprunte ses exemples aux choses qui sont plus connues: «Tout royaume divisé contre lui-même sera ruiné»,etc. Rien n'est plus puissant sur la terre qu'un royaume, cependant la division est pour lui un principe certain de ruine; que dire après cela d'une ville, d'une maison, divisées contré elles-mêmes. Grand ou petit, tout ce qui combat contre soi-même se détruit nécessairement.


Source: Saint Jean Chrysostome (Peronne-Vivès 1868)