Lecture d'un commentaire (6784)


Mt 9,14

Commentaire: Ou bien encore, tout chrétien qui jeûne convenablement humilie son âme dans les gémissements de la prière et la mortification du corps, ou la détache des séductions de la chair sous le charme d'une sagesse toute spirituelle. Or, le Seigneur embrasse dans sa réponse ces deux espèces de jeûne. Il dit du premier qui tend à humilier notre âme : Les fils de l'Époux ne peuvent pas être dans le deuil ; et de celui qui offre à l'âme un aliment tout spirituel : Personne ne met un morceau de drap neuf, etc. Mais lorsque l'Époux nous est enlevé, c'est alors qu'il faut pleurer, et notre douleur sera véritable si nous brûlons du désir de le voir. Heureux ceux qui ont pu jouir de sa présence avant sa passion, l'interroger suivant leurs désirs, et l'écouter avec le respect qu'ils devaient à ses divines paroles. Nos pères ont désiré le voir avant sa venue, et ils ne l'ont point vu. Dieu leur avait donné une autre mission : ils devaient annoncer son avènement, mais ils ne devaient pas entendre sa parole, lorsqu'il serait descendu sur la terre. C'est en nous que se sont accomplies ces paroles du Sauveur : Il viendra un temps où vous désirerez voir un de ces jours, et vous ne le pourrez pas. Qui donc ne consentira à être dans le deuil ici-bas ? Qui ne dira : Mes larmes sont devenues mon pain le jour et la nuit, pendant qu'on me dit tous les jours : Où est ton Dieu ? C'est donc avec raison que l'Apôtre désirait d'être dégagé des liens du corps pour être avec Jésus-Christ.


Source: Saint Augustin (Peronne-Vivès 1868)