Lecture d'un commentaire (672)


Mc 1,1

Commentaire: Marc est le seul à appeler son récit : évangile. Pourtant le choix de ce mot est extrêmement important. On sait qu’Évangile veut dire Bonne nouvelle et c’est ainsi que nous le traduisons habituellement, mais si l’on a recouru à ce mot pour désigner à la fois le message et l’œuvre de Jésus, c’est parce que le mot se trouvait dans Isaïe. Dans l’Église primitive on attachait un très grand prix au lien qui unissait la mission de Jésus aux textes de l’Écriture. Jésus accomplissait ce que la Loi et les Prophètes avaient annoncé, et de façon plus précise, Jésus accomplissait les prophéties du livre d’Isaïe. Jésus avait enseigné à ses apôtres que sa mission était celle du serviteur souffrant dont parlent les poèmes de la seconde partie d’Isaïe, il devait souffrir et être mis à mort pour le péché de son peuple, et c’est alors qu’il entrerait dans la vie et qu’il la communiquerait à sa postérité (Isaïe 52.13). Dans Isaïe se trouvent les poèmes du serviteur de Yahvé, mais c’est également au chapitre 40 qu’on trouve le mot Bonne Nouvelle qui, dans la Bible grecque, se dit évanguélion. Dans les versets 2 et 3 Marc mêle des paroles de l’Exode, de Malachie et d’Isaïe, mais il ne parle que d’Isaïe car c’est lui qui a donné le mot. En réalité il y a beaucoup plus qu’une question de mots dans cette priorité accordée au prophète Isaïe. Au cours du premier siècle de l’Église l’erreur qui a le plus mis en cause la foi reçue des apôtres a été le docétisme, c’est-à-dire la doctrine selon laquelle le Fils de Dieu ne s’était fait homme que dans une certaine mesure. Et les docètes affirmaient avant toute autre chose que le Fils de Dieu n’avait pas réellement souffert sur la croix. Face aux évangiles écrits ou réécrits par eux à la fin du premier siècle ou au cours du second siècle de notre ère, l’Église maintenait que Jésus avait souffert et qu’en cela il avait pleinement accompli la prophétie du Serviteur au livre d’Isaïe. On était là au centre du message chrétien. Non seulement les chrétiens proclamaient un sauveur crucifié, mais ils faisaient face à leur tour à la plus violente des persécutions et ils devaient être prêts à y laisser leur vie. Marc a dû écrire après avoir vu la grande persécution des années 64-65.


Source: Bible des peuples