Lecture d'un commentaire (5635)


Mt 3,17

Commentaire: Deux autres évangélistes, saint Marc et saint Luc, rapportent ces paroles d'une manière semblable ; mais leur récit varie sur celles qui se firent entendre du haut du ciel, bien que le sens soit le même. Ainsi, au lieu qu'on lit dans saint Matthieu : Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; saint Marc et saint Luc ont écrit : Vous êtes mon Fils bien-aimé. Mais ces deux versions reviennent au même. La voix du Ciel a nécessairement employé l'une de ces deux locutions ; mais l'Évangéliste a voulu faire comprendre que ce qui avait été dit revenait à cette manière de s'expliquer : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, pour bien faire connaître à ceux qui étaient présents qu'il était vraiment le Fils de Dieu. C'est pour cela qu'il a rendu cette locution : Vous êtes mon Fils bien-aimé, par cette autre : Celui-ci est mon Fils bien-aimé. Car cette voix n'avait pas polir but d'apprendre au Christ ce qu'il savait, mais d'instruire ceux qui étaient présents. Quant aux autres variantes que présentent les Évangélistes, l'un : Dans lequel j'ai mis mes complaisances ; l'autre : J'ai mis en vous mes complaisances ; un autre : C'est en vous qu'il m'a plu (Lc 3, 23 ; Mt 3, 17 ; Mc 1, 12) ; si vous me demandez quelle est celle que la voix céleste a fait entendre, je répondrai que vous pouvez choisir celle que vous voudrez, pourvu que vous compreniez que le sens reste le même dans toutes ces locutions différentes. Ces paroles : J'ai mis en vous mes complaisances, nous montrent le Père plaçant toutes ses complaisances dans son Fils ; ces autres : Il m'a plu en vous, nous apprennent que le Père a été agréable aux hommes dans son Fils. Il est donc facile de comprendre que ces différentes manières de s'exprimer des Évangélistes reviennent à dire : J'ai placé en vous mon bon plaisir, c'est-à-dire : j'ai résolu d'accomplir par vous ce qui m'est agréable.


Source: Saint Augustin (Peronne-Vivès 1868)