Lecture d'un commentaire (5040)


Ex 12,5

Commentaire: L'agneau du sacrifice se dit Pessah. Il constitue comme un substitut, un sacrifice expiatoire (Lv 4,20) qui vaut pour rachat de la vie (Ex 21,30). Ce fait ne laisse pas d'étonner: pour les neuf plaies précédentes, il n'est jamais question de mesure à prendre pour s'en prémunir. Dieu fait seul la distinction entre les égyptiens et Son peuple. Or pour la dixième, tout porte à croire que les hébreux eux-mêmes sont menacés (leurs premiers-nés), et qu'ils doivent se confiner dans leurs demeures et se marquer pour éviter le fléau. C'est pour cela qu'il convient d'offrir un sacrifice pour le rachat des premiers-nés (Ex 13,15).
Aujourd'hui encore la tradition requiert le jeûne des premiers-nés la veille de la fête de Pessah ainsi que le rachat des premiers-nés mâles à trente jours de la naissance, en souvenir de cette dernière plaie.
Sur le plan symbolique, ce qui est en jeu est le statut de premier-né, ou si l'on préfère le statut de l'élection. En frappant les premiers-nés égyptiens, c'est la prétention métaphysique de l'Egypte - et de Pharaon en particulier - d'être le fleuron des civilisations, qui est visée et mise à bas. Mais du même coup la prétention d'Israël à reprendre le flambeau ne va pas de soi. L'élection ne se justifie pas en vertu d'une simple nature, ni même du seul choix de Dieu. l'acte expiatoire - le sacrifice pascal - est l'acte méritoire sans lequel l'élection d'Israêl ne saurait valoir devant Dieu. Israël est redevable de son élection et y accède moyennant une expiation. Il ne s'agit pas d'expurger une faute passée, mais de combler une lacune. Tant que la vocation n'est pas remplie, l'élection exige une rançon pour ne pas être usurpation. Et elle oblige. La primogéniture ne se justifie que par l'engagement responsable qu'elle requiert. L'Agneau n'est donc pas seulement un tribut compensatoire, il est signe d'Alliance, préfigurant celle qui sera contractée au Sinaï. Voir Gn 22,8 Dieu verra le sang - l'agneau.


Source: La Haggada, Rivon Krygier