Lecture d'un commentaire (4901)


Rm 1,1

Commentaire: Rome, capitale de l’Empire, avait une importante communauté juive au sein de laquelle se forma progressivement, enrichie par l’arrivée d’immigrants appartenant à la religion nouvelle, une communauté chrétienne, constituée par des Hébreux et par des païens convertis. Paul écrit sa lettre aux uns et aux autres, fidèle à sa pensée selon laquelle le messie Iéshoua‘ a effacé les frontières qui séparent les hommes et les peuples.
Rome était le point de mire vers lequel se tournaient les regards de tous les hommes concernés par les problèmes politiques et religieux de leur siècle. Paul souhaitait depuis longtemps s’arracher à l’Asie pour, dépassant les frontières de l’Achaïe, se rendre en Occident et jusqu’en Espagne, espérait-il. C’est ainsi que, se trouvant à Corinthe, vers l’an 58, il écrit cette lettre pour préparer les Romains à sa visite.
Voici son plan:
I. Salutations préliminaires (Rm 1,1-15);
II. L’annonce du salut, thème fondamental de la lettre (Rm 1,16-8,39); la justification par la foi; qui est une adhérence à IHVH-Adonaï et à son messie:
a) hors de cette adhérence, les Hébreux comme les païens subissent la colère de IHVH-Adonaï (Rm 1,18-3,20);
b) l’adhérence à IHVH-Adonaï source de salut d’Adâm à Iéshoua‘, le roi-messie; l’adhérence d’Abrahâm (Rm 4); l’humanité d’Adâm à Iéshoua‘ (Rm 5); l’immersion fait participer à la mort et à la résurrection de Iéshoua‘ (Rm 7); le pouvoir libérateur du souffle sacré (Rm 8).
III. Le mystère des Juifs et des Gentils dans l’économie du salut universel (Rm 9,1-11,36):
a) Paul, fils d’Israël (Rm 9,1-5);
b) le sens de l’élection et la volonté de IHVH-Adonaï (Rm 9,6-24);
c) la promesse divine concerne l’humanité entière (Rm 9,25-29);
d) la déchéance politique et spirinuelle d’Israël résulte de la primauté donnée à la loi sur la foi (Rm 9,30-10,21);
e) cette déchéance n’est ni totale ni définitive: un reste, comprenant Paul lui-même, reviendra (Rm 11,1-10);
f) la déchéance d’Israël a ouvert aux Gentils les portes du salut (Rm 11,11-16);
g) l’arbre et ses racines (Rm 11,17-24);
h) la réconciliation d’Israël et des nations, condition du salut universel (Rm 11,25-36).
IV. La dernière partie de la lettre, de portée éthique, traite de la tora d’amour (Rm 12,1-15,13):
a) la consécration de soi à IHVH-Adonaï et aux autres (Rm 12,1-13);
b) l’amour des ennemis (Rm 12,14-21);
c) l’obéissance aux pouvoirs établis (Rm 13,1-7);
d) l’amour est la sommation de tous les ordres de IHVH-Adonaï (Rm 13,8-10);
e) l’approche du salut (Rm 13,11-14);
f) le droit d’être différent (Rm 14,1-15,13).
V. Remarques conclusives (Rm 15,14-16,27).
Ajoutons ici que certains commentateurs ont cru voir dans le chapitre 16 une lettre adressée à la communauté d’Éphèse. Ce chapitre aurait été annexé à un exemplaire de la lettre aux Romains recopiée à l’intention des Éphésiens.
La pensée paulinienne est si riche, si dense dans son expression qu’on ne saurait la résumer sans la trahir. La lettre aux Romains a joué un rôle décisif dans le développement de la dogmatique chrétienne. Augustin en fait son arme principale dans sa polémique antipélagienne; Luther et Calvin s’appuient sur elle pour attaquer en ses assises une certaine théologie chrétienne. De nos jours, le commentaire qu’en a donné Karl Barth a ouvert de nouvelles perspectives à la pensée chrétienne. Neuves demeurent les analyses que Paul propose sur les rapports de la misva et de l’adhérence à IHVH-Adonaï ainsi que sa vision du procès d’un salut universel ayant pour noeud la nécessaire réconciliation d’Israël et des nations.


Source: Chouraqui