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Si 1,1

Commentaire: L’auteur de ce livre, Iéshoua‘ bèn Sira, a mis ses réflexions par écrit à Jérusalem peu après que les Séleucides eurent étendu leur domination jusqu’à la Judée, vers 180 avant l’ère chrétienne. Il rédigea son oeuvre en hébreu, bien qu’à cette époque on se servît habituellement de l’araméen. Son texte fut traduit en grec, peu après, par son petit-fils, et une partie seulement ¬ les deux-tiers environ ¬ de l’original hébreu ne fut retrouvée qu’à la fin du siècle dernier, dans une synagogue du Caire, et, plus récemment encore, parmi les manuscrits dits de la mer Morte. Le livre de Bèn Sira, appelé couramment Ecclésiastique, fait partie des écrits sapientiaux. Son genre littéraire ressemble à celui des Proverbes, de Qohèlèt et de la Sagesse de Salomon. On y trouve aussi bien des traits qui le rapprochent des Psaumes et du livre de Job. Les 42 premiers chapitres forment une longue série de sentences. Viennent ensuite des hymnes à la gloire d’Elohîms, révélée d’abord dans la nature, puis dans l’histoire d’Israël. Le livre contient également un éloge de la sagesse et de nombreux conseils pratiques, tant pour les individus que pour les groupes sociaux.
Au problème du mal, Bèn Sira ne répond, d’abord, qu’en parlant d’une rétribution en ce monde, punition ou récompense selon les cas. Aucune allusion n’est faite à une rétribution quelconque après la mort. Mais il trouve une autre explication dans l’idée d’épreuve purificatrice. Les justes qui sortent victorieux des combats de l’existence, ceux dont la foi a résisté à d’épouvantables souffrances, voilà des héros qui n’auraient jamais atteint un tel degré de dilection divine s’ils n’avaient connu qu’une vie confortable et sans histoire. Cette argumentation, qui remonte au récit du sacrifice d’Isaac par Abraham, a connu une fortune considérable dans la littérature juive des origines à nos jours. Elle a également influencé la philosophie du christianisme et celle de l’islam.


Source: Chouraqui