Lecture d'un commentaire (4875)


Tb 1,1

Commentaire: Le livre qu’on va lire nous rapporte la belle histoire d’un fils d’Israël exilé à Ninive, Tobit, et de son fils Tobyah. Il ne s’agit pas d’un document historique, mais d’une composition libre faite à partir de données reçues, de la Bible elle-même et de légendes très répandues parmi les peuples du Proche-Orient. Ses « prophéties » ne sont en fait que des rappels d’événements passés. Il est certain qu’il est l’oeuvre d’un Hébreu de l’époque du Second Temple. Il faut toutefois souligner que c’est le seul texte connu qui concerne uniquement et directement les Israélites du royaume du Nord, les dix tribus déportées en 722. Ces tribus comme telles ont disparu; elles se sont assimilées aux populations de l’empire perse; mais il est possible que, parmi elles, quelques familles pieuses, comme celle de Tobit, se soient jointes aux exilés de Iehouda quand ceux-ci sont rentrés dans leur pays natal.
Dénué de valeur historique, le livre de Tobyah est cependant un des joyaux de la littérature hébraïque. Sa composition est digne des grands chefs d’oeuvre classiques. Maintenant que nous connaissons bien ses sources, nous voyons nettement comment l’auteur a choisi ses idées, les a triées et recomposées pour en tirer une oeuvre originale, conforme à son sens esthétique et à l’enseignement qu’il voulait donner. Cela rend d’autant plus regrettable la perte de l’original hébreu ou araméen et son exclusion du canon de la Bible hébraïque.
Le texte grec que nous possédons est en effet, à coup sûr, la traduction d’un original rédigé dans une des deux langues sémitiques que nous venons de mentionner. On a retrouvé à Qumrân des fragments de ce livre rédigés, les uns en araméen, un autre en hébreu.


Source: Chouraqui