Lecture d'un commentaire (4829)


Ps 1,4

Commentaire: « Il n’en est pas ainsi de l’impie, vaine poussière que le vent soulève de la surface de la terre (Ps. I, 4) ». Terre se dit ici de la permanence qui est le propre de Dieu, et dont il est écrit: « Le Seigneur est la part de mon héritage, et cet héritage m’est glorieux (Id. XV, 7) ». Et ailleurs: « Attends le Seigneur, garde ses voies, et il t’élèvera jusqu’à te mettre en possession de la terre (Id. XXXVI, 34)»; et encore: « Bienheureux ceux qui sont doux, parce qu’ils posséderont la terre (Matt. V, 4) ». Voici, en effet, le point de comparaison: c’est que la terre invisible sera pour l’homme intérieur ce qu’est pour l’homme extérieur cette terre visible qui lui donne l’aliment et l’espace. C’est de la surface de cette terre invisible que le vent ou l’orgueil qui enfle (I Cor. VIII, 1), chassera l’impie. Mais celui qui s’enivre de l’abondance qui règne en la maison de Dieu, qui s’abreuve au torrent de ses voluptés, se prémunit contre l’orgueil et dit: « Loin de moi le pied de l’orgueilleux (Ps. XXXV, 9, 12». De cette terre encore l’orgueil a banni celui qui disait: « Je placerai mon trône vers l’Aquilon, je serai semblable au Très-Haut (Isa. XIV, 13, 14) ». Enfin, de cette terre l’orgueil a expulsé celui qui osa goûter du fruit défendu, afin de devenir semblable à Dieu, et voulut se dérober à la présence du Seigneur (Gen. III, 6-8). Voici des paroles de l’Ecriture qui nous font bien comprendre que cette terre est l’apanage de l’homme intérieur, et que l’orgueil en a expulsé l’homme du péché: « De quoi t’enorgueillir, cendre et poussière ? Pendant ta vie, tu as rejeté loin de toi ton intérieur (Eccli. X, 9, 10)»; d’où l’on peut dire avec raison que s’il est rejeté, c’est par lui-même.


Source: Saint Ambroise