Lecture d'un commentaire (4719)


Sg 5,1

Commentaire: Les prophètes se référaient souvent à un jugement de Dieu qui se réaliserait sur terre, punissant les nations et les pécheurs. À partir de là Dieu redresserait l’histoire humaine. Un voile couvrait leurs yeux et les empêchait de poser la question qui pour nous est essentielle : Qu’y aura-t-il alors pour ceux qui meurent avant le grand jour ? On préférait se concentrer sur la tâche présente que Dieu avait confiée à son peuple et lui laisser le soin du reste. Mais ici le livre nous montre le juste se relevant plein d’assurance face à ceux qui l’ont persécuté. Il y a bien une vie pour toujours auprès de Dieu (15). L’auteur ne se risque pas à imaginer le monde céleste. Il lui suffit d’avoir affirmé l’autre vie qui n’a pas de fin, et il préfère garder les images apocalyptiques du jugement : Dieu détruit les forces ennemies et laisse déserte la terre souillée par le péché (Isaïe 24.1-6). Remarquons cependant comment la nature entière participe au combat de Dieu (20-23) ; cela ne vaut-il pas pour les temps actuels, tout comme pour ceux du passé ? Cette façon d’aborder la question de l’autre vie et de l’après-monde n’est pas propre au livre de la Sagesse, on en retrouve bien des éléments dans le Nouveau Testament. On pensera tout de suite à la parabole du jugement en Matthieu 25.31, avec cette différence : alors qu’ici s’opposent persécuteurs et persécutés, Jésus, lui, distingue entre ceux qui ont aimé leur prochain et ceux qui ne l’ont pas fait. Au verset 5 le juste est admis parmi les fils de Dieu et les saints. On sait que dans l’Ancien Testament ces deux termes désignent les esprits célestes : voir Luc 20.36. Face à ceux qui l’ont persécuté (1) Dans ce texte le souvenir des croyants persécutés au temps des Maccabées (et sans doute aussi de ceux qui furent les victimes des dictateurs juifs asmonéens) est encore frais. N’oublions pas que si nous pouvons être à la fois chrétiens et en paix, dans quantité de pays nos frères chrétiens souffrent et meurent victimes de persécutions dont les journaux parlent très peu. Comme nous avons erré loin de la vérité ! Ce jour-là, nous ne porterons pas les masques qui dissimulent ici-bas les intentions mauvaises et la bassesse. Alors les méchants se rendront compte du vide de leur existence : à peine nés, nous avons disparu. Les Grecs d’alors niaient les châtiments divins : le châtiment, disaient-ils, vient des lois de la nature ou de notre mauvaise conscience. L’auteur entre dans cette perspective : les impies se sont jugés eux-mêmes. Plongés dans la lumière de Dieu, ils ont vu le néant qu’était leur vie, il n’en reste rien : face à eux se dresseront leurs crimes (4.20). Et ils ne sont plus rien : à peine nés, nous avons disparu (5.13).


Source: Bible des peuples