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Qo 1,2

Commentaire: Rien qui tienne ! On n’a prise sur rien ! Nous sommes habitués à l’ancienne traduction de ce verset : Vanité des vanités, tout est vanité ! En effet, le premier mot du livre désigne en hébreu un fétu de paille. C’est ce qui ne pèse rien et qui s’envole au moindre souffle, donc une vanité, un rien. Mais c’est aussi ce qui échappe à notre prise : c’est un avenir incertain et illusoire, ou bien encore ce qui ne satisfait pas l’esprit, sur quoi on ne bâtit rien : c’est “déroutant”, cela “n’a pas de sens”. Cette expression reviendra dans le livre comme un refrain, mais avec des sens différents selon les endroits : c’est pourquoi nous aurons recours à ces diverses traductions. Il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Opposition entre la permanence de l’univers et le passage des générations. Pour les prophètes, les injustices de ce monde appelaient un jugement de Dieu. Les autres peuples, au contraire, pensaient que le monde repassait sans cesse par les mêmes cycles d’événements : des séries successives de royaumes et de guerres, de réussites et d’échecs. Il n’y a plus de prophètes, et ce n’est pas le moment pour appeler un jugement de Dieu : il viendra cinquante ans plus tard avec la persécution ouverte de la foi juive et la révolte des Maccabées. L’important pour l’heure est de mettre un frein à la course aux nouveautés et à l’argent. Sous le soleil : cette expression empruntée aux grecs (voir l’Introduction) reviendra comme un refrain : les hommes peinent et passent comme une ombre tandis que le soleil demeure. C’est la figure de Dieu, toujours présent, et qui fait les choses pour toujours (3.14). Plus grande est la sagesse, plus grands sont les chagrins. On se plaint de ce que l’étude donne des maux de tête ? La sagesse nous amènera d’autres douleurs et bien des échecs. N’oublions pas que dans la culture hébraïque la sagesse est aussi l’art d’arriver. Voici un siècle ou deux, les pionniers de la science assuraient que le progrès allait libérer les hommes de tous les maux. Notre monde a perdu cette assurance : le développement n’est pas une route vers la vie facile, l’homme est esclave de son cerveau et de sa science, obligé d’en assumer les conséquences chaque jour plus redoutables. Il ne peut s’arrêter, mais il ne sait où il va.


Source: Bible des peuples