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Pr 8,27

Commentaire: La sagesse qui a présidé à la mise en place du ciel et des astres mérite bien plus de considération que les divinités célestes des païens. Le verset 30 est d’une certaine façon le sommet de ce texte, mais il faut avouer qu’il a suscité des traductions diverses. Le dernier mot du premier vers : (j’étais à ses côtés …) peut se traduire “comme une pupille”. Alors nous avons la sagesse comme une petite fille de Dieu qui joue en sa présence, comme le diront les versets 30-31. Mais on peut aussi traduire “comme un architecte” ou “artisan”, et la bible grecque remplace ce nom par un participe “mettant l’harmonie” ou “faisant le montage”. Dans un cas comme dans l’autre nous avons ici une brève intuition de ce qu’est l’univers : non pas l’immense horloge qu’imaginait Voltaire, mais un feu d’artifice d’étincelles divines, une œuvre d’art aux ressources inépuisables, triomphe de fantaisie et d’improvisation, pour laquelle l’Existant éternel éprouve des sentiments tout autres que l’autosatisfaction d’un Dieu ingénieur. Ces qualités toutes nouvelles que l’auteur découvre au Dieu créateur sont liées au fait qu’il a enfin découvert son visage féminin. On s’était tellement habitué à ce Dieu invisible, jamais représenté (sauf quand les désobéissants lui donnaient la forme d’un jeune taureau : 1Rois 12.28) mais qui toujours parlait le langage des mâles ! Même dans le premier chapitre de la Genèse, soucieux d’éviter tous les termes qui pourraient trahir et rabaisser la sainteté divine, Dieu était Dieu, c’est-à-dire masculin, et le couple humain devait en son nom soumettre la création. Cette fois ci, la Sagesse-Dieu ne s’impose plus, elle est amie et porteuse de vie, comme le répètera Sagesse 7 (ne serait-elle pas Dieu-Déesse sans le dire ?)


Source: Bible des peuples