Lecture d'un commentaire (4519)


Rm 11,23

Commentaire: Paul justifie ce que l’Église avait établi de façon très nette au concile de Jérusalem, quelque huit années plus tôt (Actes 15). Le peuple de Dieu est restauré grâce au remplacement des Juifs qui n’ont pas cru par les païens baptisés. Ce peuple ne pourra donc jamais oublier ses racines juives et il perdrait beaucoup à ignorer l’expérience d’une quinzaine de siècles de pédagogie divine antérieurs au Christ. Jésus a montré que les faits de l’aventure évangélique devaient se comprendre à la lumière des textes et des événements de l’histoire biblique (voir les notes en Luc 24.45 et Jean 5.39). Il est certain que la séparation de l’Église et d’Israël dans l’hostilité réciproque a été cause de l’oubli d’une partie de cette tradition d’Israël dans le peuple chrétien ; il est parfois bon et utile de la retrouver dans l’expérience et la tradition de l’Israël d’aujourd’hui. Mais par ailleurs, ceux qui ont méconnu le sauveur que Dieu leur envoyait ont eux-mêmes perdu la clé de leur histoire (http://www.databible.fr/lecture/resultat-versets-reference.phtml?referencetexte=2Co+3%2C14&traductionchoisie=Bible+des+Peuple2Corinthiens 3.14 ; Apocalypse 5) et toute leur tradition postérieure s’est développée, non pas entièrement sans la grâce, mais sans le discernement de l’Esprit que Jésus a laissé à son Église en héritage. L’interprétation qu’ils donnent de l’Ancien Testament peut nous éclairer, en aucun cas elle ne peut rivaliser avec celle qui s’appuie sur la foi en la résurrection. Le chrétien ne pourra pas oublier qu’il est l’héritier du petit reste dont parlent les prophètes, et pour lui valent les paroles dites à Jérémie : Ils reviendront vers toi, mais tu ne reviendras pas à eux (Jérémie 15.19). L’engouement de certains milieux d’Église pour tout ce qui est juif pourrait bien être une fuite devant leurs propres responsabilités face à un monde non évangélisé. Elle traduit en bien des cas le refus du scandale de la croix et la crainte d’avoir trop aimé leur Sauveur. Nous ne pouvons que partager l’amour de Paul pour ses frères juifs, faisant tout pour qu’ils retrouvent le chemin que Dieu leur proposait (10.3). Ceci dit, le chrétien n’aura pas honte de reconnaître que sur le plan de l’histoire, aussi bien l’Europe que l’Église ont dû reprendre après les temps barbares un chemin que les Juifs avaient exploré dix ou quinze siècles auparavant. Le temps des croisades, des évêques princes, puis des rois catholiques, puis l’apprentissage du livre, puis les communautés qui se réunissent autour de la Bible…


Source: Bible des peuples