Lecture d'un commentaire (4412)


Rm 1,1

Commentaire: LA LETTRE AUX ROMAINS
La lettre aux Romains est dans sa majeure partie un large exposé sur la vocation chrétienne. Elle nous semblera certainement difficile, car elle l’est de fait. Nous y trouverons des discussions et une utilisation des textes bibliques qui nous déconcertera souvent, car Paul discute comme il a appris à le faire dans les écoles de rabbins de Jérusalem. Mais il faudra se rappeler que Paul ne part pas d’un système doctrinal, d’une théologie : il part constamment de sa propre expérience. La rencontre du Christ ressuscité, la conversion dramatique qui le met au service de l’Évangile, et ensuite la longue expérience de sa vie d’apôtre et des dons de l’Esprit agissant en lui, la communion constante avec Jésus, le Seigneur, ce sont là les bases de sa vision de la foi. Paul va donc parler du salut de Dieu, comme oubliant le contexte explosif de la Palestine où le nationalisme juif est aux prises avec les Romains et où toutes les espérances religieuses sont politisées. Le salut de Dieu, c’est le salut de la race humaine comme un tout, mais il se joue au cœur des personnes ; tout dépendra de notre réponse à un appel de Dieu : saurons-nous lui faire confiance ? Paul, marqué par sa propre histoire, présente l’arrivée à la foi comme une conversion plus ou moins dramatique. L’homme est esclave du Péché (il faudra voir ce que Paul entend par là) ; nous voudrions nous libérer, mais il nous manque la clef pour nous comprendre : nous sommes créés pour partager la vie de Dieu, et tant que nous n’y parvenons pas, nous portons en nous une rébellion consciente ou inconsciente contre Dieu. Faut-il se tourner vers la religion ? On y gagnera bien peu, dit Paul, avec une insistance qui choquera beaucoup de personnes : tant qu’on croit devenir “bien” par ses pratiques religieuses, on tourne le dos à la seule force qui peut nous libérer : l’amour miséricordieux de Dieu. Mais voici que Dieu nous tend la main et nous enseigne à aimer. Jésus vient à nous et nous le crucifions, et c’est alors que Dieu nous montre comment il nous aime et nous pardonne. Il n’attend d’autre réponse que notre acte de foi, une foi qui d’un seul coup nous libère. Ce salut, c’est celui que toute la bible annonçait, mais il déconcerte tous ceux qui, dans la religion juive, en étaient restés aux pratiques. Celles-ci appartiennent à une étape de l’histoire humaine à laquelle la mort de Jésus a mis fin. Notre baptême nous fait entrer dans un monde mystérieux qui n’est pas autre que le Christ ressuscité : désormais nous sommes “dans le Christ”, et vivant de son Esprit. Le don de l’Esprit ouvre une ère nouvelle où tout sera à inventer, selon les lois de l’amour, pour ceux qui sont devenus vrais fils et filles de Dieu. Paul alors revient sur le problème du peuple juif : que penser de toute cette histoire d’Israël à qui Dieu promet un sauveur, et qui finalement ne le reconnaît pas ? Paul montrera qu’il ne faut pas mélanger deux questions : l’appel d’un peuple à qui Dieu confie un rôle particulier dans l’histoire, et l’appel des personnes qui appartiennent à ce peuple. Pour chacun la foi au Christ sera le résultat d’un appel gratuit de Dieu. Paul a envoyé cette lettre en 57 ou 58, probablement de Corinthe. Jusque là, il s’adressait à des communautés qu’il connaissait et dont il savait les difficultés. Cette fois ce n’est pas le cas ; à la fin de son exposé, il parlera de façon assez générale de la vie chrétienne, et tout spécialement de la façon de s’accepter les uns les autres entre personnes d’origines très diverses. À Rome, comme ailleurs, ce n’était pas si simple de réunir en une même communauté Juifs et païens convertis. Paul déjà leur prêche ce que nous-mêmes n’arrivons pas à mettre en pratique : s’accepter différents.


Source: Bible des peuples