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Jos 2,4

Commentaire: Que voulait dire l’histoire de Rahab ? Qu’une prostituée avait eu bien de la chance et que, grâce à une conversion rapide — sans doute un retournement bien inspiré — elle avait échappé au désastre général ? Si les Cananéens méprisaient les Hébreux (les nomades récemment immigrés), l’inverse était également vrai. Les états-cités de Canaan étaient en fait des groupements de propriétaires sans autre ambition que la défense mutuelle. Leur licence sexuelle ne pouvait que leur attirer la condamnation des Israélites, dans la mesure même où ceux-ci n’étaient pas moins tentés, mais se soumettaient à une forte répression. Le livre d’Osée dit à la face des Israélites paganisés ce que les Israélites fidèles pensaient des cananéens. Il y avait là un monde corrompu qui devait être détruit. Dans le monde cananéen, tous n’étaient pas propriétaires. Sous bien des aspects cette société devait ressembler à celle que décrient les livres de Jérémie et d’Ézékiel. À côté du “peuple du pays”, les propriétaires (2Rois 24.14), il y avait tout un monde d’esclaves et des strates inférieures dont on avait besoin mais qui n’avaient pas droit au chapitre (Jérémie 34.8). La liste en était longue et l’on y trouvait pêle-mêle les barbiers, les ferronniers, les bouffons, les lépreux. Les Israélites qu’on louait pour les corvées en faisaient partie, mais aussi les prostituées. L’alliance de Rahab et des espions n’est pas seulement une faveur qu’elle obtient de ses clients, c’est une entente de ceux qui se sentent proches, et elle n’est pas fâchée de se moquer du seigneur. Le livre de Josué prend sa place dans la tradition qui veut libérer les opprimés : Rahab a été appelée à partager les promesses faites à Israël. Rahab est citée en Hébreux 11 parmi les témoins de la foi, et de même elle est citée en Jacques 2.25.


Source: Bible des peuples