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He 7,1

Commentaire: Trois fois déjà l’auteur a cité le verset du Psaume 110(109) qui mentionne Melkisédek, et maintenant il entreprend de montrer comment ce qui est dit de cet homme légendaire prophétise une réforme radicale du sacerdoce. N’oublions pas que cette lettre s’adresse à des prêtres juifs, descendants d’Aaron ; ils étaient prêtres de père en fils et pensaient que ce privilège durerait toujours. Mais il leur est dit que Dieu lui-même avait annoncé leur remplacement. Nous pouvons admirer la manière dont cet épisode de Melkisédek, qui occupe si peu de place dans la Bible (Genèse 14.18) et Psaume 110(109).4), est ici approfondi pour prouver, avec une logique irréfutable, que le Christ devait changer toute la religion d’Israël. Dans l’introduction de cette lettre, nous avons mentionné qu’Apollos, un évangélisateur de l’Église primitive, en était sans doute l’auteur. Ses dons de prophète sont évidents ici. L’Église au début n’avait pas d’autre Bible que l’Ancien Testament. Ce livre pourtant ne semblait pas laisser à Jésus une grande place. La tâche des prophètes chrétiens fut de montrer comment la Bible conduisait au Christ. Non seulement ils réfutaient les arguments des Juifs, mais plus encore ils créaient, avec l’aide de l’Esprit, l’interprétation chrétienne de l’Ancien Testament. Quand les chrétiens lisent l’Ancien Testament maintenant, ils ne peuvent plus le considérer comme font les Juifs qui y voient leur propre histoire sur la terre de Palestine et en attendent une réalisation que Jésus a écartée. Pour nous la vérité de l’Ancien Testament a sa clé dans la personne de Jésus : sans lui le livre ne rejoint plus le message de Dieu. Melkisédek est bien là dans la Bible, mais comment y est-il venu ? En fait, les textes qui le mentionnent sont tardifs : sans doute ont-ils été écrits deux siècles avant Jésus pour servir la cause des Maccabées. On ne pardonnait pas à ces gouvernants d’avoir usurpé la charge de grands prêtres alors qu’ils étaient d’une famille sacerdotale ordinaire. L’histoire de Melkisédek voulait justifier le souverain qui, comme lui, était roi et prêtre à la fois. Donc des textes écrits pour justifier une dictature ; mais en fait ils atterrissent dans la Bible, ils sont reçus comme parole de Dieu ; et voici qu’ils disent ce à quoi on n’avait pas pensé : une des ironies de la Parole de Dieu !


Source: Bible des peuples