Lecture d'un commentaire (368)


Lc 12,18

Commentaire: Pourquoi donc cette terre avait-elle tant rapporté à un homme qui ne devait faire aucun bon usage de cette fertilité ? C'était pour mieux mettre en lumière la patience de Dieu dont la bonté s'étend même sur de telles gens.« Car il fait tomber sa pluie sur les justes et sur les injustes, et il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons » (évangile selon saint Matthieu, V 45)De quel état d'esprit cet homme faisait-il montre ? L'aigreur du caractère, la haine des hommes, l'égoïsme, voilà ce qu'il offrait en retour à son bienfaiteur. Il oubliait que nous appartenons tous à la même nature. Il ne jugeait pas nécessaire de distribuer son superflu aux pauvres. Mais ses greniers craquaient, trop étroits pour ses immenses dépôts, et son cœur d'avare n'était pas encore comblé. D'ailleurs, ses nouvelles récoltes s'ajoutaient sans cesse aux anciennes et les apports annuels venaient accroître son opulence, de sorte qu'il se trouva dans une situation sans issue. Il n'acceptait pas de se défaire de ses anciennes réserves, tant il était avare, et il n'arrivait plus à entreposer les nouvelles récoltes trop abondantes. De là les projets non réalisés et les angoisses insurmontables. « Que vais je faire ? » Qui n'aurait pitié d'un homme en proie à un pareil tourment ? Car ce ne sont pas des bénéfices que la terre lui apporte, mais des soupirs. Elle ne lui procure pas d'abondants revenus, mais des soucis, des peines et un embarras extrême. Il pousse des lamentations comme le ferait un miséreux. Ne sont-ce pas là les plaintes de celui qui est réduit à la mendicité ? « Que vais je faire ? »Comment vais-je me nourrir, me vêtir ? Considère, homme, celui qui t'a comblé de ses dons. Souviens-toi de toi-même. Rappelle-toi qui tu es, quelles affaires tu conduis, qui te les a confiées, pour quelle raison tu as été préféré à beaucoup. Tu es le serviteur du Dieu bon, tu as la charge de tes compagnons de service. Ne crois pas que tous ces biens sont destinés à ton ventre. Dispose des biens que tu as entre les mains comme s'ils appartenaient à autrui : ils te donneront du plaisir pendant quelque temps, puis s'évanouirontet disparaîtront. Mais il t'en sera demandé un compte détaillé (saint Basile : homélie sur la richesse, VI 1-12).


Source: missel.free.fr