Lecture d'un commentaire (3604)


Is 19,16

Commentaire: On a ici un texte tardif qui voulait se présenter comme une prophétie ancienne, alors que son auteur ne faisait que décrire ce qu’il avait sous les yeux : il faut toujours se méfier des prophéties trop ressemblantes et s’assurer de leur âge. En langage clair, des exilés juifs avaient établi dans le delta du Nil des communautés qui se sont développées au temps d’Alexandre ; celle d’Héliopolis (ce mot grec signifie : “cité du soleil”) en est la plus connue. L’autel consacré à Yahvé pourrait être celui d’Éléphantine où l’on a continué de célébrer un culte bien après le temps d’Esdras, en dépit de la condamnation absolue, maintes fois répétée dans les textes bibliques d’origine sacerdotale, de tout temple ou autel qui ne serait pas celui de Jérusalem. Ce texte a le mérite de faire voir combien les Juifs d’Égypte, auteurs probables de ce fragment, avaient évolué depuis le texte 14.2 qui, lui non plus, n’est pas d’Isaïe, mais n’en fait pas moins partie des Écritures. Il affirme que Dieu écoute la prière des étrangers lorsqu’ils viennent adorer à Jérusalem ; il y a là une ouverture sur les autres, bien que là encore on apprécie beaucoup l’aspect économique de ces pèlerinages (61.5). Le plus remarquable de ce texte est la bénédiction de 19.23-25. Une réconciliation universelle ; l’Égypte appelée mon peuple, un terme réservé jusque là à Israël, et cela sans renier l’identité propre d’Israël : Israël, mon héritage.


Source: Bible des peuples