Lecture d'un commentaire (3507)


Ex 32,1

Commentaire: De même qu’Adam désobéit dès le début, Israël désobéit aussi après avoir reçu la Loi. C’est le commencement de relations difficiles entre Israël et son Dieu. Dieu menace, punit, et ensuite pardonne. C’est la première fois et Moïse a peur : il pense qu’en employant des mesures draconiennes, il ramènera Israël sur le droit chemin, et que les gens seront plus responsables. Mais les années passent et le peuple continue à pécher. Plus tard les prophètes comprendront que la Loi ne suffit pas à l’homme ici-bas : il lui faut un cœur nouveau : voir la nouvelle alliance dans Jérémie 31.31. Tu vas nous faire un dieu. Les Israélites n’avaient pas vraiment accepté Yahvé, ce Dieu exigeant et guerrier qui leur ordonnait de conquérir la Terre Promise. Ils veulent revenir à leur ancienne religion qui ne leur demandait que des fêtes et des rites. Le veau d’or qu’ils se fabriquent avec du bois recouvert d’or (que Moïse brûlera) est l’image traditionnelle du Dieu cananéen El, un genre de Dieu bonasse qui rassure les croyants peureux. Leur péché n’est pas seulement de se fabriquer une image de Dieu, mais, plus encore de se faire le dieu qui leur convient. C’est le même péché que commettent beaucoup de croyants de nos jours à la recherche d’une religion ou d’une spiritualité relaxante, sans les contradictions qu’on rencontre quand on fait le travail de Dieu dans le monde. Je les ferai disparaître, mais je ferai sortir de toi une grande nation (10). Au moment où la fidélité du peuple fait défaut, Yahvé demande à Moïse une preuve de fidélité exceptionnelle. Il lui suggère que ses propres descendants forment un nouveau peuple de Dieu pour remplacer tous ces irresponsables. Mais Moïse comprend que c’est une tentation et qu’il ne doit pas en être ainsi : Dieu ne démentira pas ses promesses à Israël. Alors, Moïse se sacrifie pour sauver ces pécheurs. Il ne demandera rien pour ses propres descendants aux dépens du peuple qui a reçu l’Alliance, mais il intercédera pour lui. Moïse obtient le pardon d’Israël et Dieu lui permet de se tenir devant Yahvé pour apaiser sa colère (Psaume 106(105).23). Ici comme en d’autres occasions, Moïse intercède avec autorité au nom de son peuple. Après lui, c’est le grand prêtre qui sera, de par sa consécration, le défenseur du peuple face à Dieu (Nombres 17.12 ; Hébreux 7). Mais avec les grands prophètes nous aurons un autre type d’intercesseurs : ils ne le seront pas d’abord en raison d’un appel ou d’une consécration, mais parce qu’ils auront été conquis et purifiés par son Esprit (Ézékiel 22.30). Nous voyons au retour de Moïse l’attitude irresponsable d’Aaron qui accuse le peuple. Aaron a agi comme un prêtre opportuniste, qui désire plaire au peuple et oublie très vite la mission qu’il a reçue de Dieu, et non du peuple. Rappelons qu’Aaron était l’ancêtre et le modèle des prêtres juifs. Les prêtres qui ont écrit ces pages revendiquaient pour eux l’autorité de Moïse dont ils préservaient l’enseignement ; pourtant ils ont été assez humbles pour présenter Aaron, le prêtre, comme un homme ordinaire et pécheur, dont le comportement n’est pas à la hauteur de sa charge éminente. Le peuple infidèle aura du mal à effacer sa faute. Les différents récits qui s’entremêlent dans ce chapitre ne sont pas d’accord sur ce qui s’est passé. Le v. 35 nous fait penser à une punition comme la peste. Les v. 25-29 indiquent que tous les Israélites n’ont pas pris part à la révolte. Les hommes de la tribu de Lévi sont plus fidèles, et ils aident Moïse à rétablir son autorité : pour commencer ils tuent tous les coupables. C’est pourquoi il vous donne aujourd’hui la bénédiction (29) : Ne pensons pas que Dieu bénisse la violence : voyons que ce texte ancien fait l’éloge de ceux qui ont opté pour Dieu sans partage ; ils l’ont montré comme on pouvait et devait le faire en ces temps primitifs. S’ils avaient agi alors comme on doit le faire au 21ème siècle, l’histoire sainte serait morte au berceau. Voir le commentaire d’Esther*10. Ce récit a été écrit sans doute en grande partie quelques siècles plus tard quand le peuple d’Israël allait à Dan et à Béthel pour y adorer les veaux d’or (censés représenter Yahvé) que Jéroboam avait placés là. Ceci explique bien des détails du récit (1Rois 12.26).


Source: Bible des peuples