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Ex 16,1

Commentaire: Dans cette seconde section (Exode 16-18) le peuple commence sa marche à la rencontre du Dieu libérateur. Comme toujours il y a le côté négatif de ceux qui n’acceptent pas les contraintes de la nouvelle situation et les menaces de la soif, de la faim et des adversaires. Moïse invoque le Seigneur et peu à peu les obstacles sont surmontés. Toute la communauté murmura contre Moïse et Aaron. On retrouvera dans la suite ce “murmurer”, cette critique qui a peur de trop s’afficher. On n’est pas content, mais on n’a rien à proposer. On critique ceux qui y croient, mais c’est qu’au fond on ne veut pas avoir de problèmes. Yahvé vous donnera de la viande… (8). Dieu nourrit son peuple au moment même où il manque de tout. De nombreux oiseaux migrateurs, épuisés par un long voyage, tombent tout autour du camp. Les Israélites trouvent aussi un autre aliment inespéré, la manne. Il s’agit sans doute d’une sorte de résine qui sort parfois abondamment des tamaris du désert. À un moment critique, ce secours est pour Israël la preuve que Dieu ne les a pas abandonnés (Nombres 11.4 relate également cet épisode). Il n’est pas sans intérêt de rappeler que deux routes principales partaient d’Égypte vers le Sinaï. Sur le bord de mer, la Route des Forteresses, facile, mais militairement gardée ; vers l’intérieur la piste que prenaient les esclaves fugitifs, bien plus dangereuse. Les cailles ne pouvaient s’abattre que sur le bord de mer ; la manne, par contre, se trouve sur le chemin de l’intérieur. Dans l’Introduction nous avons dit que l’Exode garde les souvenirs de divers groupes, les uns chassés, les autres fugitifs. Les premiers avaient dû prendre la première route où l’on enregistrait tous les passages et ils avaient pu voir s’abattre les cailles, les autres avaient connu la manne en s’enfonçant vers l’intérieur. Ce texte nous montre le pain quotidien comme un don de Dieu. Quand il nous invite à prendre un chemin difficile, il s’engage à nous aider et à nous donner d’abord le pain dont nous avons besoin. C’est pourquoi Dieu aide ceux qui, par leur esprit d’initiative et leur courage, créent et distribuent à tous, les biens dont ils ont besoin. Le récit de cet événement s’est embelli avec le temps. Certains textes semblent dire que Dieu envoyait la manne tous les jours pendant quarante ans : Exode 16.35 ; Josué 5.12 ; Psaume 78(77).24 ; Sagesse 16.20. C’est qu’avec le temps on perdait l’intérêt pour les faits eux-mêmes, on voulait au contraire louer Dieu à l’occasion de ces événements. Ce don du pain du ciel donnera lieu plus tard à deux commentaires différents dans la Bible. Dans Deutéronome 8.3 : “Il t’a donné à manger la manne pour te montrer que l’homme ne vit pas seulement de pain, mais que tout ce qui sort de la bouche de Dieu est vie pour l’homme.” Voir le commentaire de Marc*6.35. Plus tard, dans l’Évangile, la manne sera l’image du vrai pain descendu du ciel, le Christ qui se donne comme pain de vie dans l’eucharistie : voir commentaire de Jean*6.


Source: Bible des peuples