Lecture d'un commentaire (3444)


Ex 6,2

Commentaire: UN NOM POUR LES INTIMES
Nous avons commenté à propos de 3.14 le nom de Yahvé. Ici est mise en relief l’importance de ce don, fait à Israël, d’un nom divin qui n’avait pas été révélé aux Patriarches. Si Israël devient le peuple de Dieu, lui, de son côté, se doit de lui révéler quelque chose de son secret. “Dieu” n’est pas vraiment un nom propre, et on l’attribue à des dieux qui ne sont qu’eux-mêmes (voir l’allusion ironique de Paul en 1Corinthiens 8.5) ; Yahvé, par contre, sera le nom propre que dont on se servira pour l’invoquer ( 3.15). Nous reconnaissons là l’esprit profond de l’alliance, laquelle signifie confiance mutuelle. Ce n’est pas un hasard si, dans le récit de l’Éden, alors qu’on parle à chaque instant de Yahvé Dieu, le serpent ne peut prononcer le nom sacré et dit seulement : “Dieu”. Le don de ce nom sacré suffit à faire prévoir les difficultés qu’auront les croyants lorsqu’ils voudront établir un dialogue en profondeur avec ceux qui ne partagent pas leur foi. La révélation divine nous a mis à part. Ce paragraphe insiste sur la continuité entre les promesses faites aux ancêtres et la présente révélation à Moïse. Le texte voit là une preuve de la fidélité de Dieu à travers les siècles : nous pourrions parler d’une continuité dans le plan de Dieu. Dans la Bible il n’y a pas d’exemple d’une parole communiquée à un prophète qui soit un pur commencement, car toujours on part d’une tradition antérieure, et les commencements sont pour nous hors d’atteinte. Cette continuité cependant n’empêche pas qu’il y ait des étapes dans la pédagogie de Dieu, donc dans l’histoire sacrée. Le texte montre qu’après le temps de la promesse est venu le moment de libérer les opprimés, et de quelque façon le nom de Yahvé est lié à cette nouvelle étape. De fait, on cessera de prononcer le nom de Yahvé vers le troisième siècle, lorsque le temps des prophètes arrivera à sa fin.


Source: Bible des peuples