Lecture d'un commentaire (3409)


Mt 28,1

Commentaire: Sur l’ensemble des apparitions de Jésus ressuscité, voir le commentaire de Luc 24.1. Ce premier paragraphe est encore écrit en style d’apocalypse, avec son ange resplendissant et ce nouveau tremblement de terre. Mais l’évangile se refuse à décrire une sortie triomphante de Jésus, comme ses lecteurs l’auraient désiré. Jésus ressuscité n’est vu que de ceux qui croient : les femmes qui le cherchaient le verront, les soldats et les dirigeants, qui ne le cherchaient pas, ne comprendront pas. L’évangéliste mentionne les noms de Marie de Magdala et de l’autre Marie, la mère de Jacques et de José ( Matthieu 27.55) deux des “frères de Jésus” ( Matthieu 13.55), ses plus proches cousins. Elle est une parente de Marie, la mère de Jésus ( Jean 19.25). Les femmes qui, avec Marie, mère de Jésus, l’ont accompagné jusqu’au tombeau seront les premiers témoins de la résurrection : l’autorité des apôtres, choisis et formés par Jésus pour être les bases de son Église, trouve là un fort contrepoids. Il y a là un fait majeur et qui tout au long des temps aidera à maintenir dans l’Église et ses constructions masculines la vérité de l’Évangile. Lorsqu’on compare les récits des quatre évangiles, on trouve bien des contradictions de détails. Les parfums ont-ils été achetés la veille au soir, ou le matin du dimanche ( Marc 16.1 et Luc 23.56) ? Et, selon Jean, Nicodème et Joseph d’Arimathie avaient eux-mêmes acheté les parfums ( Jean 19.39). Pourquoi Jésus se présente-t-il aux femmes aussitôt après que l’ange leur a dit d’envoyer les apôtres le revoir en Galilée ( Matthieu 28.8-9) ? Comment expliquer que Jean ne parle que des apparitions à Jérusalem, alors que, selon Matthieu, tout l’important a eu lieu en Galilée ? L’attitude qu’on prend face à ces contradictions dépend d’abord de l’idée qu’on se fait de la réaction des parents et des disciples de Jésus aussitôt après sa mort. Bien des exégètes semblent croire que plus personne n’avait sa tête à lui, que cela a été un chaos total et qu’au moment d’écrire les récits de la Passion et les témoignages sur la Résurrection on s’est contenté de rassembler des rumeurs. C’est oublier la culture hébraïque du temps de Jésus et la façon dont elle gravait au moment même en compositions orales tout ce qui avait entouré la disparition d’un être cher. Il y a eu d’abord le groupe des femmes qui avaient suivi la Passion et auxquelles, très certainement nous devons l’essentiel du texte actuel des évangiles. Leur mention à la fin du récit de la Passion, en Matthieu 27.56 ; Marc 15.40 et Luc 23.49 est comme la signature que l’auteur du récitatif plaçait à la fin. Et c’était aux femmes qu’était habituellement dévolu le rôle de faire le panégyrique du mort. Les disciples ne pouvaient pas ne pas observer les règles du deuil, et tout particulièrement les parents de Jésus : Marie et sa “sœur” Marie avec ses fils Jacques et Joset ( Marc 15.40). Les trois premiers jours, c’est le deuil complet, ensuite, jusqu’à la fin de la neuvaine, on est nourri par les voisins qui apportent pain et poisson. À la fin de la neuvaine, la famille et les amis proches offrent un repas. Ensuite ils retourneront en Galilée.


Source: Bible des peuples