Lecture d'un commentaire (3378)


Mt 25,31

Commentaire: LE JUGEMENT UNIVERSEL
Nous savons que les chrétiens sont une minorité dans le monde. Comme nous maintenant, les Juifs pensaient souvent à la majorité des peuples du monde qui ne faisaient pas partie du peuple élu et ne savaient rien des promesses de Dieu. Les Juifs les voyaient comme une multitude prête à “les dévorer”, un monde inquiétant à qui, un jour, Dieu imposerait sa loi. Et ils les appelaient : les nations. Jésus dépasse ces perspectives étroites et nous montre comment il jugera tous les hommes sans faire de distinction d’origine, lorsqu’il reviendra comme Roi des nations. Tous ceux qui ont partagé le destin commun des hommes, sans connaître le Christ, seront jugés par lui. En réalité, il ne les a jamais abandonnés, mais il a placé à côté d’eux “ces petits qui sont ses frères” pour le représenter. Le Roi révèle les innombrables gestes humains qui ont construit le meilleur de notre civilisation, et, face à lui, les hommes contemplent avec étonnement le Dieu qu’ils ont aimé ou dédaigné en leur prochain. Bien que la plupart d’entre eux n’aient jamais pensé à l’au-delà, le Royaume de Dieu leur est présenté avec sa loi unique : l’amour. Il n’y a pas de destination neutre entre les deux extrêmes. Le feu est l’image du tourment qu’endurent ceux qui se sont condamnés quand ils fermaient leurs cœurs au point de ne plus être capables d’aimer. Pendant leur vie, ils étaient indifférents aux malheurs de leurs frères et sœurs marginalisés et affamés : maintenant l’éclat de Dieu qui est Amour les brûle et les torture. Quand vous ne l’avez pas fait pour un de ces petits. Jésus parle du prochain, qu’il soit ami ou ennemi. Il ne parle pas de servir la communauté, ou une classe, ou une nation en général. Nous nous servons souvent de ces termes pour exclure un groupe de personnes qui n’appartiennent pas à notre nation ou à notre parti. Par contre, ceux qui aiment vraiment reconnaissent leurs frères et sœurs sans attacher grande importance à ces étiquettes : ce sont les personnes qui existent et qui vivent pour Dieu. Alors ceux-ci iront au châtiment éternel (46). Il y a quelque chose qui nous choque aujourd’hui dans cette division des hommes entre bons et mauvais : elle nous apparaît comme une vue périmée (voir commentaire de Matthieu 13.36). Et c’est vrai en un sens. Jusqu’à l’âge moderne, on ne rencontrait guère que des gens “d’une seule idée”. On avait vite fait le tour des options de la vie, et dès la jeunesse on choisissait le “bon” ou le “mauvais” chemin. Il y avait bien ensuite quelques conversions en bien ou en mal ( Ézékiel 18), mais la division restait entre les bons et les mauvais. C’est très différent aujourd’hui, car nos choix sont extrêmement complexes. Sachons donc voir que Jésus parlait le langage des prophètes, schématisant les options. Ce ne sont pas des crimes que Jésus dénonce, mais cet égoïsme quotidien qui remplit nos vies. Il parle comme un père qui reprend ses enfants : Voilà ce qui va t’arriver si tu continues ! Espérons que l’immense majorité ne s’enterrera pas complètement ; mais certains choisissent consciemment leur perte, et ils sont capables d’aller jusqu’au bout. Dire que Dieu est tellement bon qu’il les sauvera au dernier moment, c’est affirmer ce que Jésus n’a jamais voulu dire. Cela signifierait qu’au fond, tout ce qu’on a vécu dans sa vie n’avait guère d’importance, et que notre liberté n’était qu’un jeu. Ce que dit Jésus à propos du jugement vaut pour tous, chrétiens ou non-chrétiens. Mais ce serait une erreur de citer constamment cette parabole comme si elle couvrait toutes les responsabilités d’un chrétien. Ce n’est pas de pain, d’eau et de vêtements que le monde a surtout besoin, mais de la vérité et de l’espérance que Dieu a confiées à ceux qu’il s’est choisis. Les chrétiens seraient infidèles à leur mission s’ils se limitaient à parler d’aide, de logements, etc., et s’ils oubliaient ce qui est Vie pour l’humanité : d’abord la Parole de Dieu, la connaissance et l’amour de leur Seigneur. Lui sera toujours premier, et nous avons besoin qu’il le soit pour nous. Il s’attribue tout ce que nous faisons pour nos frères et sœurs, mais il ne veut pas se confondre avec eux.


Source: Bible des peuples