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Mt 19,21

Commentaire: 19.21 LES CONSEILS ÉVANGÉLIQUES
La tradition chrétienne a toujours compris que cet évangile faisait de la pauvreté une condition pour suivre le Christ. On sait que la vie religieuse repose traditionnellement sur les trois “conseils évangéliques” : pauvreté, chasteté et obéissance. Sans nier le moins du monde la valeur de ces piliers incontournables, on peut faire remarquer que l’expression est mal choisie. D’une part, on ne voit guère Jésus donnant des conseils : son appel est impératif, et l’on se perd à ne pas y répondre. Par ailleurs, le vœu de pauvreté, s’il est renoncement aux biens propres et à la liberté de disposer des choses a son gré, a pour contrepartie la prise en charge par une communauté qui, habituellement, dispose de garanties économiques non négligeables : on est donc loin de ce que l’évangile dit en ce cas précis. Ici, comme dans toute vocation religieuse authentique, chaque appel est différent, de sorte qu’il n’y a pas “un” moyen pour entrer dans le Royaume, une œuvre qui s’imposerait à tous ; mais par contre pour chacun la décision que suggère l’appel est beaucoup plus qu’un conseil : c’est la porte étroite. Le choix de la pauvreté, aujourd’hui n’est pas réservé aux seuls religieux. Si, dans le passé, l’immense majorité des hommes a vécu par force dans la pauvreté ou la misère, aujourd’hui, par contre, la société offre le moyen d’y échapper à quiconque dispose de la santé et d’un cerveau en bon état de fonctionnement. Mais il est également certain que pour un très grand nombre l’université sera la condition du paradis. Là se situe, en bien des pays, la barrière entre les pauvres et les citoyens à part entière. Le couple chrétien est donc amené dès le départ à faire un choix dont dépendra l’avenir de ses enfants : les “aime-t-il” vraiment, selon le concept habituel ? Il n’en aura qu’un et il l’enverra à l’université, un enfant dont les parents se sont faits, par amour pour lui, les esclaves du travail et des valeurs communément reçues. Le couple veut-il une vraie famille ? Il lui offre la pauvreté. Voici donc ouverte l’ère où pour la plupart, croyants ou non croyants, les joies et les grâces que Dieu réserve à la famille nombreuse ne seront données qu’à ceux qui ont renoncé à tout mesurer selon les critères de l’argent et de la sécurité : la famille choisit la pauvreté — et en même temps le Royaume. Ce premier choix l’obligera à repenser le sens de la vie, à mettre en œuvre une pédagogie familiale qui aide les jeunes a ratifier ce premier choix, à s’unir à d’autres familles qui ont fait le même choix. Leur pauvreté pourrait alors devenir la richesse du monde.


Source: Bible des peuples