Lecture d'un commentaire (3293)


Mt 16,13

Commentaire: Une des paraboles sur le Royaume de Dieu annonçait déjà l’Église ( Matthieu 13.31-33). Le présent texte nous parle à nouveau de cette Église. — Ce texte nous dit quelle est la pierre de base de l’Église : la foi en Jésus, Christ et Fils de Dieu. — Il est centré sur la prééminence de Pierre parmi les apôtres. — Il suggère que l’Église aura toujours besoin d’un chef visible. La foi dans le Christ, Fils de Dieu, que Pierre est le premier parmi les apôtres à proclamer, vient en fait de Dieu. Cette foi ne provient pas de la chair et du sang, expression qui, pour les Juifs, veut dire quelque chose de purement humain, ce qu’un être humain fait et comprend par lui-même. On ne croit pas au Christ à partir d’une conviction humaine, ou d’un attachement sentimental à sa personne. Les paroles de Jésus à Pierre, Tu es heureux, Simon, sont vraies pour tous les croyants car c’est le Père qui nous a choisis et amenés au Christ : voir Jean 6.37 ; 6.44 ; Matthieu 13.16. Le texte établit la prééminence de Pierre. Son nom était Simon, mais Jésus l’a surnommé Pierre ( Jean 1.40) parce qu’il devait être la pierre de base de son Église. Changement de nom : signe d’une mission qui lui est donnée, comme il était arrivé à Abraham et à Jacob ( Genèse 17.5 et 32.29). D’autres textes confirment la foi de Pierre et le montrent agissant un peu comme le chef des Douze : Matthieu 10.2 ; 14.28 ; 17.25 ; Luc 5.8-10 ; 22.32 ; Jean 6.68 ; 21.15-19. Les paroles de Jésus à Pierre, valent-elles aussi pour ses successeurs ? Déjà dans l’Ancien Testament Dieu avait voulu que son peuple ait un centre visible ; Jérusalem et la nation avaient comme centre le Temple et les rois, fils de David. Quand Dieu a choisi David, il lui a promis que ses descendants régneraient pour toujours sur le Royaume de Dieu : cette promesse s’est accomplie avec le Christ. Maintenant, Jésus choisit Pierre pour qu’il soit la fondation visible de l’édifice, et lorsqu’il souligne la fermeté de cette Église, non pas pour les vingt ans à venir mais pour toujours, il semble bien que les successeurs de Pierre soient visés avec lui. Ses successeurs seront dans l’Église ce que lui-même a été dans l’Église des premiers jours. Pour les Juifs, lier et délier voulait dire : préciser ce qui est interdit et ce qui est permis. Pierre et ses successeurs, les papes, devront décider en dernier ressort qui fait partie du corps des croyants et qui en est exclu, et ce qui est, ou non, foi de l’Église. Les forces de mort. Le texte dit : “les portes de l’Hadès”. “Portes” signifie ici “le pouvoir” tout comme autrefois “la Sublime Porte” désignait le gouvernement de l’empire turc (voir Esther 6.12). Quant à l’Hadès, il désignait le monde souterrain, le monde des morts et des puissances démoniaques. Même si les forces de mort essaient d’écraser l’Église, pensent écraser l’Église ou développent en elle les ferments de corruption, elles ne l’empêcheront pas d’accomplir sa mission de salut. Une partie de l’Apocalypse ( Ap 12—17) nous dépeint cette confrontation. D’autres textes présentent les Douze Apôtres comme les bases de l’Église ( Éphésiens 2.20 et Apocalypse 21.14). Ils reçoivent aussi le pouvoir de lier et de délier ( Jean 20.23), mais, dans ce cas, il s’agit clairement du pardon des péchés. Autres paroles du Christ adressées à Pierre : Luc 22.31 ; Jean 21.15. Jésus, pierre de fondation : Marc 12.10 ; 1Corinthiens 3.11 ; 1Pierre 2.6. L’histoire de la primitive Église montre que déjà dans les premiers siècles, les Églises locales étaient conscientes de l’autorité suprême de l’évêque de Rome, successeur de Pierre. Son rôle n’a pu que se développer au cours de l’histoire, d’autant plus nécessaire que devenaient plus fortes les tensions entre chrétiens de divers continents et cultures, partagés à l’infini dans leurs expressions religieuses. Même si, en tant qu’hommes, ils peuvent se tromper, Jésus ne veut pas se désintéresser de ce qu’ils décident : Ce que tu délieras sur terre sera délié dans les cieux. Cependant, le fait de reconnaître cette mission du successeur de Pierre ne veut pas dire que sa parole doive couvrir toutes les autres voix dans une Église silencieuse, ni que son autorité justifie des institutions bureaucratiques qui écraseraient la vie. Ce texte ne supprime pas d’autres paroles de l’évangile tout aussi importantes, où la base de l’Église est un “collège” d’apôtres. Pierre est le portier ( Marc 13.34), mais il n’est ni le maître ni le Père ( Matthieu 23.9). La mission de Pierre et de ses successeurs ne signifie pas que tous les autres baptisés sont des mineurs dans le domaine de la foi ( 1Jean 2.27). Son autorité prend tout son sens dans une Église où chacun s’habitue à penser par lui-même et à dire ce qu’il pense.


Source: Bible des peuples