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Mt 15,21

Commentaire: Il s’en alla vers la frontière de Tyr et de Sidon. Matthieu ajoute le second nom pour suivre la façon de parler des prophètes qui menaçaient ensemble ces deux villes de Phénicie ( Matthieu 11.21). Ces deux noms évoquaient une société païenne fondée sur le commerce et l’import-export. La femme est dite cananéenne car les syro-phéniciens étaient les descendants de l’ancienne population de Canaan. À la différence de Marc, Matthieu semble dire que la femme sortit de ce pays et que Jésus n’y entra pas vraiment : peut-être veut-il confirmer ainsi ce que Jésus dit en 15.24. Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues du peuple d’Israël. Les brebis perdues ( Ézékiel 34) sont le peuple des humbles, dispersés par manque de pasteurs ( Matthieu 9.35). Cette réponse de Jésus définit sa mission. Il est venu pour les Juifs et cet évangile montrera que c’est à l’Église qu’il appartient de porter la lumière aux païens. Mais ce serait forcer le texte que de traduire : Je suis venu uniquement pour les brebis perdues. Si Jésus n’était envoyé qu’aux Juifs, il ne lui était pas défendu de voir les autres et de s’intéresser à eux comme il le fait ici et comme il le fera dans les paragraphes qui suivent avec la seconde multiplication des pains. Cette réponse n’est donc pas un argument pour affirmer que Jésus n’a pensé qu’aux Juifs dans son ministère de salut et n’a pas eu conscience d’une mission universelle. C’est l’Église, disent certains, qui a fait de Jésus, sauveur juif, le Sauveur du monde. Il n’y a aucune raison de l’affirmer : le salut universel fait partie de la mission du serviteur de Yahvé ( Isaïe 42 ; 49.6 ; 52.13) avec lequel Jésus a voulu s’identifier. Jésus se plie au plan déterminé par le Père et accepte que le salut des païens soit une œuvre de la fin des temps, c’est-à-dire des temps qui suivront sa mort et sa résurrection.


Source: Bible des peuples