Lecture d'un commentaire (3269)


Mt 13,40

Commentaire: Ce sera pareil à la fin du monde. Jésus nous parle d’un jugement. L’attente d’un jugement de Dieu sur le monde était un élément essentiel de la prédication des prophètes. N’y voyons pas seulement un désir de vengeance de la part des gens honnêtes qui avaient souffert du mal. Savoir avec certitude que notre vie va être jugée par celui qui voit le fond des cœurs est une des bases de la vision chrétienne de l’existence. Nous comprenons alors le caractère tragique des décisions que nous prenons jour après jour et qui dessinent comme un chemin vers la vérité ou un refus de la lumière. Cette certitude choque beaucoup de nos contemporains tout comme dans le passé elle a effrayé la majorité des hommes. C’est pour cela qu’ils se sont si souvent réfugiés dans les théories de la métempsycose, c’est-à-dire d’une série d’existences : les fautes de la vie présente pourraient être réparées dans la suivante. On met en doute l’importance des choix que nous faisons, et le sens du péché s’estompe tout autant que celui de la présence de Dieu. Bien vite on en arrive à douter de la valeur unique de notre vie et de la valeur unique de la personne humaine. Mais, tout en réaffirmant le jugement, cette courte parabole contient un élément extrêmement révolutionnaire : le jugement est un secret de Dieu, et jusqu’à la fin du monde, le bien et le mal se trouvent mêlés en chacun de nous, aussi bien que dans les institutions. Quand nous lisons la Bible, peut-être sommes-nous choqués de voir que non seulement dans l’Ancien Testament, mais même dans le Nouveau, constamment le monde est divisé entre bons et mauvais. En fait, l’intérieur de l’homme est un grand mystère. Il n’y a pas un groupe des bons (nous, bien sûr, et ceux qui croient en Dieu, et ceux qui observent la même morale que nous observons…), et puis les autres. Pourquoi donc Jésus divise-t-il ainsi les hommes ? Répondons rapidement que Jésus a parlé comme parlaient les prophètes. Parler des bons et des méchants était une façon simple, adaptée à la mentalité de peuples moins évolués que nous, pour montrer que chacun de nous, en chacun de ses actes, fait un pas dans l’une des deux directions opposées. Pendant des siècles les hommes se sont sentis interprétés par cette façon de parler : elle est encore parlante et pédagogique pour nous en bien des moments. Mais il est très important de voir ici que Jésus n’est pas dupe des images : pour la majorité d’entre nous, la séparation n’est pas faite, même si lors d’une conversion, ou de plusieurs, nous avons fait des pas décisifs. Les serviteurs représentent les croyants, mais tout spécialement les “surveillants” de l’Église. Leur zèle pour réprimer ceux qu’ils jugent égarés afin de préserver ce qui leur semble bon est peut-être bien vicié de l’intérieur. Ils voudraient arrêter toutes les erreurs ? En fait, ils ne croient qu’à la force, ou à l’autorité. Si les “maîtres” de la foi ne laissaient plus aux fidèles la possibilité de penser et de se tromper, l’Église resterait sans vie. Dieu préfère laisser les choses se clarifier : il veut que les hommes fassent leur expérience. Le mal fait partie du mystère de la croix : faisant le bien et vivant dans la lumière, nous vaincrons le mal ( Romains 12.21).


Source: Bible des peuples