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Mt 1,18

Commentaire: On a pu noter le tournant du verset 16 : Jésus n’est pas fils de Joseph. Le paragraphe qui commence entend rappeler que Jésus est à la fois le descendant légitime de David, grâce à Joseph, et le Fils de Dieu, conçu de l’Esprit Saint par une mère vierge. Ces phrases courtes et presque timides ne font qu’esquisser le mystère de Marie, la vierge par qui la vie terrestre monte vers Dieu pour s’offrir en hommage. Un messager traverse la nuit ; dialogue de paroles silencieuses : le monde s’ouvre à la présence dynamique de Dieu. En ce qui concerne la virginité de Marie, voir Luc 1.26. Marie avait été donnée en mariage. Chez les Juifs, les fiançailles donnaient déjà tous les droits de la vie conjugale ; cependant la femme continuait à vivre chez ses parents et sous leur tutelle, sans droits réels et sans liberté vraie. Une femme appartenait nécessairement à un homme, soit à son père, soit à son mari, soit au fils aîné si elle était veuve. Marie était donc déjà la femme de Joseph, mais elle ne serait sous sa tutelle que lorsqu’il l’aurait reçue chez lui (v 20 et 24). La virginité de Marie allait contre toute la mentalité juive, qui mettait au premier plan la fécondité. Pour Joseph cependant, accepter cette situation n’était pas chose impensable. Car à cette époque, chez les Juifs, certains du parti des esséniens vivaient le célibat comme des moines. Joseph ne voulait pas “lui faire une mauvaise réputation”. C’est le sens du verbe grec qu’on traduit parfois de façon erronée : “la dénoncer”. Cela signifierait, comme beaucoup le croient très à la légère, que Joseph met en doute la fidélité de Marie. Cette erreur en entraîne une autre au verset suivant. On croit que l’ange veut rassurer Joseph : « Ne crains pas de prendre chez toi Marie, car elle est enceinte par l’intervention de l’Esprit Saint ». Mais ce car n’est pas le sens habituel de la conjonction grecque : l’intervention de l’ange n’est pas pour rassurer Joseph, mais pour l’informer de son rôle dans le plan de Dieu : Tu lui donneras le nom de Jésus et tu le recevras comme ton fils. Joseph était un descendant de David, et Jésus, adopté par Joseph, serait un descendant légitime de David. Tout se passe comme si Marie elle-même l’avait mis au courant : Joseph comprend que l’annonce à Marie présage beaucoup plus qu’un bébé à mettre au monde, et il se voit étranger à un tel destin. Il cherche comment rendre à Marie sa liberté sans lui créer de problèmes, sans lui faire de tort, et l’ange lui donne la réponse en lui montrant sa propre vocation : c’est lui, descendant de David, qui transmettra à l’enfant les promesses faites à David aussi bien que la foi d’Israël. Là est le sens de l’intervention de l’ange au verset 20. Fils par le sang ou fils adoptif, Jésus devait être descendant de David, et ce n’était pas le cas de Marie, laquelle appartenait sans doute comme sa cousine Élisabeth, non à la tribu de Juda, qui était celle du roi David, mais que, comme sa cousine Élisabeth, elle appartenait à une famille de prêtres de la tribu de Lévi. Tu lui donneras le nom de Jésus. Jésus est la forme française de Yeshou’a qui signifie Sauveur, un nom juif très proche de celui que portait Josué. Et ce nom disait ce que serait l’enfant. Matthieu cite une prophétie d’Isaïe ( Isaïe 7.14) qui annonce déjà le mystère de Jésus : descendant de David et présence de Dieu sur terre. Emmanuel, Dieu avec nous, comme le rappellera Matthieu 28.20. C’est une façon de rappeler le mystère de sa personne. Jésus né de Marie dans le temps, est le Fils unique du Père, né de Dieu dans l’éternité, et il n’y a pas de place pour deux pères. C’est ainsi que la paternité adoptive de Joseph recouvre et protège un mystère.


Source: Bible des peuples